Voeux 2009

Bien sûr, il y a la guerre, et je viens d’en dire quelques mots dans un billet précédent. Je voudrais bien qu’ici comme ailleurs dans pareille situation, les mots de saint Paul soient considérés non seulement comme pieux, mais aussi comme vrais ; vous savez, ceux de la deuxième lettre aux Corinthiens : « la puissance se déploie dans la faiblesse » (12,9). Dans le journal Haaretz de ce matin 30/12, version anglaise (NdR: voir maintenant Le Monde sur Internet du 31/12, dans lequel on trouve une traduction), un écrivain, David Grossman, proposait quelque chose de la sorte : prenons l’initiative du cessez-le-feu pendant 48 h, courbons le dos pendant quelques jours face aux roquettes qui vont continuer pendant un temps de tomber, et voyons.. Je ne sais pas si c’est réaliste, et on me dira peut-être que le commentateur en question habite hors de portée des roquettes, mais c’est au moins encourageant au niveau de la pensée.

Que veux-je dire ? Que la dimension symétrique est souvent caractéristique de notre pensée. Constat vieux comme le monde : la fameuse loi du talion (« œil pour œil, dent pour dent », Exode 21,4) fut certes un gros progrès, mais elle s’inscrivait dans cette logique symétrique. Et la pensée actuelle s’y complaît souvent : pour prendre un exemple parmi d’autres, dans les couples que je connais, je suis souvent témoin des matches de ping-pong auxquels se réduisent certaines discussions ! Je crois que l’on n’a pas suffisamment remarqué à quel point la pensée du Christ s’en dissocie pour s’inscrire dans une logique très différente, infiniment plus créatrice. En voici deux exemples.

  • Le premier est l’entretien avec la Samaritaine, au chapitre 4 de l’évangile de Jean, avec une suite de « ‘décrochages » opérés par Jésus dans ses réponses aux questions : elles ne sont jamais celles que cette femme attend. La femme en est bousculée, obligée à des « déplacements » de la pensée, provoquée à assumer ses contradictions et à évoluer.
  • Le deuxième est la parabole des ouvriers de la onzième heure, au chapitre 20 de l’évangile de Matthieu. Voilà des ouvriers qui ont travaillé une heure, d’autres deux, et d’autres toute la journée : tous, même les premiers sans doute (mais le texte ne le dit pas), s’attendaient à être payés au prorata du temps passé ; or Jésus donne à tous la même chose, un denier. Ce n’est pas logique, et cela semble même injuste…

« Nous n’avons fait tort à personne, nous n’avons ruiné personne, nous n’avons exploité personne », dira Paul en 2 Corinthiens 7,2. Jésus aurait pu dire la même chose aux ouvriers, et d’une certaine manière d’ailleurs, il le dit : « n’étions-nous pas convenus d’un denier ? » (Matthieu 20,13).

Quand on cherche à comprendre la logique de Jésus, on constate qu’elle est celle de l’amour : Jésus sait bien qu’une telle logique ne peut pas se fonder sur la symétrie, que celle-ci tue l’amour. Je souhaite vraiment que la logique de l’amour prévale dans chacun de nos coeurs, et en particulier dans celui des dirigeants de nos pays.

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