Le repos du septième jour

En ce dimanche 29 septembre 2013, on annonce que 14 magasins français braveront l’interdiction d’ouverture qui leur a été signifiée récemment par la justice. A peu près au même moment, à l’office de Laudes, nous a été lu un passage du livre de l’Exode :  » en six jours Le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le septième jour, c’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l’a consacré » (20,11, trad. BJ).

Je ne suis pas sûr que le Seigneur se soit aussi clairement prononcé sur le sujet et qu’il ait vraiment eu besoin de se reposer ! J’imagine plutôt que les prêtres de l’époque, quelque peu désireux d’avoir des participants à leurs sacrifices du samedi, ont jugé que Dieu avait dû donner l’exemple à ses ouailles en « se rendant à la messe ». Mais ce tour de passe-passe invalide-t-il l’intérêt, voire la nécessité, du repos du 7e jour que, fait assez amusant, les nouvelles ouailles syndicales menacent contre l’avis de leurs représentants ? Je ne le pense pas.

En faisant du 7e jour un jour comme les autres, et ceci pour des raisons largement mercantiles quoi qu’on dise, le temps se trouve aplati. Ou plutôt ramené à une dimension purement cyclique et parfaitement pesante. La rupture du 7e jour, qu’on ne rétablira pas si facilement dès lors qu’on aura commencé à s’en priver, avait, a encore l’immense avantage de rappeler aux hommes qu’il existe un temps au-delà du temps, qui n’est pas seulement celui de la fin, mais aussi celui que Dieu habite : sans doute faut-il rappeler ici, au-delà de tout pédantisme, que le temps de la pensée chrétienne, mais aussi juive, a une dimension très humaine et longue correspondant en grec au terme de chronos (d’où la chronologie) et en hébreu  à celui de iom (jour, temps), et une dimension divine, fugace et pourtant essentielle, correspondant au terme grec kairos (l’instant, le moment favorable) et hébreu êt. C’est l’existence et l’importance de cette deuxième dimension que veut rappeler l’institution du repos du 7e jour.

Finalement, en prétendant que Dieu s’était reposé le 7e jour, le ou les rédacteurs de l’Exode savaient bien que ce repos n’était pas d’abord destiné à Dieu mais aux hommes. En nous en défaussant, il n’est pas sûr du tout que nous soyons aujourd’hui beaucoup plus intelligents qu’eux ; mais il est tout à fait certain en revanche que la place et la voix de Dieu dans notre monde seront un peu plus étouffées.

2 commentaires à propos de “Le repos du septième jour”

  1. Le 7ème jour sanctifié c’est grâce au sixième qui est lui aussi libéré du travail ; mais en deux jours libérés j’ai qqfs du mal à trouver ce temps de la sanctification . Car l’accélération du rythme de vie m’entraine à en faire plus ou trop. Lire ce blog et y répondre, est-ce en faire trop ou est ce me sanctifier ? les deux mon capitaine ….

    • Merci Hervé pour ce texte,
      Depuis plusieurs jours mon côté « entrepreneur » et « commerçant » avait tendance à l’emporter.
      j’avais la fâcheuse tendance à penser que priver les commerces d’ouvrir le dimanche c’était absurde, contre productif, mesquin, petit bras, rétrograde…qu’on avait pas besoin de ça en ce moment ! Pourquoi priver ceux qui veulent bosser et consommer de le faire… Mon côté Marthe l’avais encore emporté sur mon côté Marie.
      Mais ton éclairage est juste. Il me fait cheminer. Ne légiférons pas de nouveau pour quelques exceptions !
      et puis de toutes façons, Tous ergo reste ouvert le dimanche : )

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