Le pape s’est arrêté devant le mur… à Bethléem

Interrogé récemment par des amis sur la prochaine visite du pape François et son impact local possible, j’avais noté que, fidèle à ses habitudes, il avait déjà commencé à prendre les gens à revers. Pour le dire sans trop de nuances :

  • En évitant une grand messe à Jérusalem, il peine les Israéliens parce qu’ils auraient souhaiter retourner cette visite à leur avantage, un peu comme ils l’avaient fait lors de la visite de Benoît XVI, à une époque où j’habitais encore Jérusalem
  • En se contentant d’une messe à Bethléem, avec concours de foule limité, il peine les Palestiniens chrétiens qui auraient bien voulu montrer au monde la vigueur de leur foi, et aux Israéliens que rien ne saurait les abattre.

Mais j’ajoutais à l’intention de mes amis qu’il ne saurait se contenter de cela, et qu’il aurait sûrement des gestes ou des paroles significatives.

Le pape Benoît XVI et le mur
Le pape Benoît XVI et le mur
Pape et mur
Le pape François et le mur

Je ne croyais pas si bien dire lorsque j’ai appris ce matin que, au dernier moment, il avait fait arrêter sa papamobile devant le mur érigé par les Israéliens à la sortie de Bethléem : pour le toucher et prier ! Eh ! oui, il n’a pas prié devant le mur des lamentations, mais s’est lamenté devant ce mur nouveau en invitant à la paix. Le geste est hautement symbolique, et il est probable que les gens du pays l’auront immédiatement compris1 : de même que nos amis juifs prient devant le mur des Lamentations en demandant au Seigneur que vienne la paix, et qu’ils puissent prier sans obstacle sur l’esplanade du temple, François prie devant le mur de Bethléem pour demander la paix et pour qu’Israéliens et Palestiniens puissent vivre ensemble sans qu’un mur ne les sépare. Et dans la foulée, il a invité Israéliens et Palestiniens à se retrouver au Vatican pour prier pour la paix !

Il ne nous reste plus qu’à attendre d’autres signes du même genre. Non sans nous souvenir que, dans ce voyage papal, François s’est fait accompagner de deux amis personnels, un rabbin de Buenos-Aires et un professeur musulman, président de l’Institut du dialogue interreligieux de la même ville : les inviter était déjà un signe !

1. Ce lundi 26 mai, lendemain de l’écriture de ce billet, on peut lire à la Une du Figaro : « Agacé par le long arrêt pratiqué dimanche par le Saint-Père devant le mur de séparation, le gouvernement israélien a réclamé qu’un geste équivalent soit organisé pour dénoncer le terrorisme ». Voilà bien la preuve de la justesse de la lecture que j’avais proposée.
On apprend ce même lundi que le pape François s’est arrêté aussi au mur des Lamentations à Jérusalem, mais le premier arrêt n’en prend que plus de relief.

P. S. En complément de cet article, une amie m’invite à lire dans un blog de La Vie les souvenirs de la visite du pape Paul VI à Jérusalem, une visite dont le pape François s’est inspiré.

2 commentaires à propos de “Le pape s’est arrêté devant le mur… à Bethléem”

  1. Tellement juste de la part du pape! Tellement évident aussi, il fallait oser! Espérons que ça fasse réfléchir de part et d’autre du mur, mais comment imaginer le contraire …

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