A l’écoute de la parole de Dieu (Is 55,10-11; Mt 13, 1-23)

Frères et sœurs, vous avez sans doute déjà fait ce petit test : en sortant de la messe, ou de toute autre célébration où la parole de Dieu a été proclamée, voilà que vous cherchez à vous souvenir de cette parole et, très souvent, vous n’y parvenez pas, ou ne vous souvenez que de quelques bribes ! Et vous vous demandez alors avec inquiétude si vous êtes sol pierreux ou cœur sauvage rempli de ronces… J’ai fait ce test moi aussi, et il est loin d’être toujours à mon avantage.

Il est certes possible que notre attention n’ait pas été aussi soutenue qu’elle aurait pu ou dû l’être : peut-être avons-nous été distraits, peut-être avons-nous, du fait de l’âge ou des soucis, quelques difficultés à nous concentrer, peut-être ne nous sommes-nous pas assez préparés à notre rencontre avec le Seigneur. Mais peut-être aussi que la parole de Dieu fut, ce jour-là, particulièrement difficile à comprendre et que le célébrant n’a pas su nous éclairer, comme Jésus le fait si bien aujourd’hui avec ses disciples, en difficultés eux aussi avec cette parole.

Mais voilà, frères et sœurs, quelles que soient nos responsabilités, et en particulier la mienne, dans ce qui peut apparaître comme un gâchis, une vraie question est de savoir ce que veut dire accueillir la parole de Dieu. Si nous reprenons l’image de la semence si présente dans nos lectures de ce jour, il est clair que la terre doit être préparée et prête à accueillir la semence, mais il est clair aussi que celle-ci n’est pas analogue aux graines de citrouille dans les contes de fée qui donnent du fruit en un jour. Certes, le prophète Isaïe nous dit que la parole de Dieu ne revient pas vers Dieu sans avoir porté de fruit, mais il ne dit rien sur les délais. Pas plus que ne le fait Jésus à travers l’exemple du semeur dans l’évangile de Matthieu.

En d’autres termes, la parole entendue peut avoir été entendue sans pourtant que nous soyons capables de nous la remémorer dans les minutes qui suivent son expression : et ne plus nous en souvenir peu après ne veut pas nécessairement dire que notre terre soit mauvaise. Dans ce domaine comme dans bien d’autres, la conscience que nous en avons sur le moment n’est pas un critère absolu de la qualité de notre audition. Ce qui importe à cette parole, c’est d’être proclamée et entendue aussi souvent que possible, de telle sorte qu’elle finisse par pénétrer nos cœurs, qu’ils soient attentifs ou non. Je me souviens que, arrivant tout juste dans la vie religieuse, je m’étonnais de la mémoire qu’avaient les plus anciens des psaumes, pourtant écrits dans une langue et avec des images parfois bien compliquées : mais finalement, à force de les entendre et de les dire, je crois avoir acquis moi aussi, au fil du temps cette mémoire… Et pas seulement celle des quelques psaumes que je me suis donné la peine d’apprendre.

Ainsi la parole de Dieu, comme la semence, finit par nous habiter du fait de sa répétition et de sa lente et longue maturation plus encore que de l’application que nous pouvons mettre à l’écouter. Bien sûr, il ne faut pas négliger la qualité du terrain, sa préparation, mais il faut surtout multiplier les occasions d’accueil, qu’il s’agisse de la messe, de tous les sacrements, de la lecture personnelle, du partage en groupe biblique. Frères et sœurs, si vous aimez votre conjoint, vos enfants, vos amis, vous cherchez sans doute toutes les occasions possibles de les rencontrer, de passer du temps avec eux et de les écouter : de la même manière, recherchez Jésus et sa parole, écoutez-la amoureusement ou amicalement comme vous voulez. Elle produira immanquablement un fruit en vous, et un jour viendra où vous écouterez moins la parole de Dieu que vous ne la parlerez.

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