Arès, dieu dérisoire

Minaret 11e siècle AlepSi vous cherchez qui est Arès sur une encyclopédie comme Wikipedia, on vous expliquera qu’il est « le dieu de la Guerre, de la Brutalité et de la Destruction ». Rien que cela ? Non pas, il est aussi le dieu le plus dérisoire qui soit du panthéon grec. Oh ! bien sûr, il est fort, il est puissant : avez-vous vu une photo des ravages qu’il produit ? Avez-vous vu par exemple une photo d’Alep, ville de Syrie, telle qu’elle fut dans le passé, et telle qu’elle est aujourd’hui ?

Tenez, voici un minaret du XIe siècle, sur une photo (cf. https://www.flickr.com/photos/peuplier/8681156046) datant de 2006 : il a été entièrement détruit en 2013.

Alep SalaheddinAujourd’hui, Alep, c’est plutôt cela….

 

 

 

 

 

La guerre ne construit rien, seule la charité édifie rappelait déjà saint Paul (1 Co 8,1). Arès est bien le dieu de la brutalité et de la destruction…

Qui a gagné ou gagnera quoi que ce soit à cette guerre, ou à n’importe quelle autre ? Certainement pas les Aleppins, ni les Syriens dans leur ensemble qui paient un tribut épouvantable avec des milliers de morts, dont des enfants en nombre incalculable qui n’auront connu de la terre, de leur terre, que les bombes. Pas plus les parties en guerre, dont les pertes humaines ne cessent de croître, et qui ne gouvernent en définitive que des ruines. Ah ! si, il y a des gagnants (du moins sur un certain plan), les fournisseurs d’armes, dont mon pays, la France : ici, il convient de rappeler l’œuvre oubliée et terrible, ancienne et pourtant si actuelle, de Georges Bataille, La part maudite (cf. l’article de Wikipedia), qui montre comment, pour faire court, la richesse des puissants se nourrit de l’épuisement des petits, dans une sorte de potlatch dévoyé et sans cesse renouvelé destiné à épuiser l’excédent d’énergie disponible.

Voilà d’ailleurs pourquoi je ne peux m’exonérer totalement de cette guerre, ni de quelque guerre que ce soit. Au nom de la charité et de l’unité du Corps du Christ bien sûr, mais aussi parce que, qu’elle soit lointaine ou proche, une guerre engage toujours directement ou indirectement mon pays et bien d’autres, elle n’est jamais totalement le fait des autres, de ceux qui guerroient. Un ami libanais me disait un jour que les grandes puissances, parmi lesquelles on peut sans doute encore (mais pour combien de temps ?) compter la France, conduisaient au Liban une guerre par « pays interposé » : sans doute diminuait-il les responsabilités locales, mais il n’avait certainement pas tout à fait tort.

La guerre n’est jamais une solution, au mieux elle est un pis-aller, mais de soi elle est déjà une défaite. Arès est bien un dieu dérisoire.

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