Facebook pour le meilleur ou pour le pire !

Que faut-il penser de Facebook ? Pour plusieurs personnes de mon entourage, pour moi-même il y a peu de temps encore, ce réseau social était un espace virtuel narcissique, parce qu’on y parle surtout de soi et de manière futile, illusoire parce qu’on y aime facilement et sans engagement, et chronophage parce qu’on y perd un temps fou en pure perte sans rien apprendre vraiment : c’était Facebook pour le pire, que d’aucuns ont baptisé « fesses de bouc » tant il sentirait mauvais. Je n’ai pas totalement abandonné cette vision, tout en comprenant que la même chose pouvait être dite de ce que sont en définitive 80 à 90 % de nos échanges habituels, dans nos familles, entre amis, en société : pour faire court, « du bavardage ».

Mais voilà, j’ai découvert un autre côté de Facebook : d’abord, malgré la dimension éphémère, celui de l’information, beaucoup plus d’ailleurs que de la formation qui demande plus de continuité et de temps et pour laquelle ce média n’est donc pas fait ; ensuite et surtout, celui du partage de vie. Et sur ce dernier point, que de perles. Bien sûr, c’est l’émotion qui prime et qui se partage le plus facilement, mais grâce au talent de certains de ceux qui s’expriment, on dépasse l’émotion pour atteindre au vrai et au juste. Le mieux est d’en donner trois exemples, souvent très connus des amateurs de Facebook : je les prends chez des personnes animées par la foi chrétienne, mais d’autres pages, non moins prenantes et justes, se trouvent aussi chez des personnes d’autres confessions, ou même athées.

Anne-Dauphine JulliandJe connaissais Anne-Dauphine Julliand et son histoire, la disparition de sa fille Thaïs et le handicap de celle qui l’a suivie, Azylis, d’abord par ses deux très grands livres dont j’ai déjà parlé sur ce blog, Deux petits pas sur le sable mouillé et Une journée particulière. Mais l’échange continue sur sa page personnelle (profil), dans laquelle on retrouve ses talents d’écriture : à l’occasion de la fête des mères, « une pensée toute spéciale aujourd’hui : à tous les enfants, petits ou grands, qui murmurent « Bonne fête » en regardant le Ciel, et à toutes les mamans qui pleurent en invoquant les étoiles » ; ou bien encore, tout récemment, le 1er octobre : « Une couronne de fleurs, un sourire et adieu les tracas, la fatigue, les larmes, les microbes et les ras-le-bol. Azylis fait revenir le printemps ».

Gaspard entre terre et cielL’une des pages les plus suivies (53.000 personnes à ce jour) est sans doute celle de Gaspard, entre terre et ciel : cet enfant de bientôt 38 mois est atteint d’une maladie dégénérative qui limite normalement son espérance de vie à 48 mois. Ses parents, Marie-Axelle et Benoît, le savent et se battent avec lui, non pour sa survie, mais pour sa vie : leurs commentaires sont incroyables de justesse et d’amour, et il faudrait en citer des morceaux entiers, en particulier celui qui présente Gaspard et sa maladie. Mais je voudrais évoquer tout simplement une phrase de leur tout dernier « post », datant de 4h au moment où j’écris : « Bien sûr, nous avons pleuré mais il y a des choses qu’on ne voit bien qu’avec des yeux qui ont pleuré… ». Une leçon de vie spirituelle, de vie tout court que l’on trouve tout entière déjà dans les magnifiques et célèbres yeux bleus de Gaspard.

Tombée du nidC’est aussi ce qui ressort de la page Tombée du nid, écrite par Clotilde et Nicolas : ceux-ci ont aussi leur fan-club, 31.000 personnes actuellement, dont beaucoup les ont connus à travers le livre écrit par Clotilde et qui porte le même nom que la page : là, elle raconte le chemin que fut l’adoption de leur 7e enfant, Marie, porteuse de trisomie 21, venue après six enfants nés de leur union, et la joie profonde résultant de cette venue. De nombreuses interviews et vidéos ont popularisé leur parcours, dans lesquelles Clotilde et Nicolas présentent cette adoption (au fait une 8e est en cours) comme une vocation, un appel de Dieu : et cela sonne juste ! On comprend qu’avec cette page, Marie, elle aussi aux magnifiques yeux bleus et belle comme un cœur, est en jeu, mais au-delà d’elle la question de l’adoption des enfants « différents » et de la joie qu’elle procure : d’ailleurs, la page « Tombée du nid » s’augmente de nombreux témoignages plus ou moins parallèles, en provenance de plusieurs milieux et confessions religieuses.

A travers cela, on comprend que Facebook est un média comme un autre, porteur du pire comme du meilleur. Profitons du mieux : faut-il préciser à l’égard des lecteurs réticents que la consultation d’une page Facebook est toujours possible, même sans avoir de compte ? Celui-ci est nécessaire pour l’écriture.

3 commentaires à propos de “Facebook pour le meilleur ou pour le pire !”

  1. Bonjour,
    Je suis bien d’accord avec vous et partage entièrement cette analyse
    Que de belles découvertes et rencontres ai-je faites via facebook, et notamment ces trois sites que je suis également.
    Vous également, mais là je remercie votre neveu Alexandre avec qui je travaille, de m’avoir parlé de vous

    Tous ces posts m’ont donné envie à mon tour d’écrire quelques billets et j’ai créé modestement un petit blog il y a peu qui me permet notamment de partager quelques belles découvertes
    http://alarecherchedutempspresent.fr/

    • Madame, un grand merci pour le lien vers votre blog que je suis allé parcourir quelque peu. Vous évoquez de fait l’intérêt de Facebook dans votre très beau billet concernant Romano Guardini, mais j’ai aussi fort apprécié plusieurs autres billets, tels celui concernant les jugements sur notre pape François, « Savoir raison garder » ou bien encore, plus encore serais-je tenté de dire, celui sur la naissance de vos jumeaux, « Mes cadeaux du ciel ». Votre écriture est vraiment très agréable, et je crois que je vais prolonger plus avant la lecture de votre blog, qui est tout sauf « petit ». Merci… Elvire Debord.

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