Amitiés en ligne, Facebook et autres, une appréciation

Si l’on m’avait dit, il y a encore une année, que je « perdrais » tant de temps sur Facebook, je ne l’aurais pas cru. Pour moi, ce réseau, comme tant d’autres du même type, favorisait « la bagatelle », l’information rapide et vite oubliée : certes pas inutile, mais enfin, pas de quoi en faire tout un plat ! A cette époque, je me gaussais donc volontiers des « amitiés » créées, considérant que les « likes » n’engageaient en rien ceux qui cliquaient pour les produire. Voilà pourquoi, quand je me suis résolu à m’inscrire, sous un pseudo, sur ce réseau social, je n’avais alors d’autre idée que de promouvoir le site des Dominicains de Montpellier, ou mon propre blog : et c’est bien que ce que j’ai tenté et tente encore de faire. Ce que je n’avais absolument pas prévu, c’est qu’en cherchant a aller plus loin que cette promotion très égoïste, j’allais rencontrer une autre manière d’être présent, beaucoup plus altruiste.

Le déclic fut encore « un coup » de ce merveilleux Gaspard et de ses parents, dont l’immense et universelle fécondité n’est plus à démontrer. A la lecture de leur page, j’ai découvert une autre communication possible, très loin des « comme tu es belle » (ou « comme tu es beau »), « joli paysage », « quel magnifique voyage » (à 2000 euros…), « que pensez-vous de ma nouvelle photo de profil », ou je ne sais encore quelle futilité. Chaque semaine, grâce aux parents de Gaspard, j’avais devant les yeux une méditation de haute portée spirituelle : qu’on en juge par le sublime texte sur la paternité, Être le papa d’un enfant qui va mourir, dont je me suis déjà fait plusieurs fois l’écho sur ce blog. Et tant d’autres. Et des photos à la fois très belles, très simples, pleines de pudeur et de sens. Un peu plus tard, je me suis rendu compte qu’ils n’étaient pas les seuls, que d’autres apportaient leur part à cette réflexion, soit par leur propre page, soit par leurs commentaires (entre autres Anne-Dauphine Julliand et son merveilleux film Et les Mistrals Gagnants, ou Tombée du Nid et toute sa tribu, ou Rose : pas à pas, notre fleur s’épanouit et sa riante puce, ou Si je ne peux plus marcher, je courrai, où Axelle Huber évoque avec beaucoup de justesse son mari, mort de la maladie de Charcot, ou Alexandra Stampfli Haenni et son bébé Guillaume etc.). Bien sûr, l’émotion à fleur de peau était là, celle dont je me méfie, mais elle était devenue partage, stimulation, osons le mot, charité ! Surtout dans ce domaine que je n’ai cessé depuis d’élargir, celui de la compassion auprès des enfants malades ou « différents », où tant de parents attendent un soutien, et un éclairage spirituel le cas échéant. Là, je peux le dire, des amitiés se sont créées, virtuelles certes dans un premier temps, mais qui se sont ensuite ancrées dans le réel ou qui vont l’être prochainement. 

amitiésLe domaine dont je parle est sans doute plus favorable que d’autres, à cause de sa dimension émotionnelle, à la création et à l’entretien de liens amicaux. Je n’ai pas eu tout à fait le même succès dans l’autre domaine qui m’est cher, le culturel/spirituel : mais je l’ai beaucoup moins exploré sur Facebook (sinon sur la page du Centre Lacordaire). Il me semble pourtant que les blogs sont plus aptes que ce réseau, du fait de leur permanence, de la distance vis-à-vis de l’information, et de la part qu’ils donnent à l’écriture et à la réflexion, à créer en ce domaine des liens forts. Le résultat immédiat est que ces liens sont peut-être plus rares, mais aussi très nourrissants. Même si, comme je l’ai dit plus haut, c’est aussi le cas de certaines pages Facebook. De tels blogs existent : que de plaisir à lire les commentaires d’Erwan Le Morhedec, alias Koz, sur son blog Koztoujours ; ou encore, dans un style délicat, les admirables et toujours justes compte-rendus de films, de livres, de rencontres, de la chère Elvire Debord sur son blog A la recherche du temps présent. Aujourd’hui, je correspond volontiers avec l’un et l’autre, et je dois rencontrer prochainement Elvire en chair et en os…

Il est clair que les contacts noués en ligne ont le plus souvent un caractère éphémère mais, lorsqu’ils sont fidèlement entretenus, autour d’une cause précise, lorsqu’ils se doublent en outre d’un contact personnel « réel », ils peuvent donner naissance à de véritables amitiés. Bien sûr, la qualité et la force de ces amitiés ne se jugent pas, contrairement à ce que pensent certains, sur le nombre des « vues » ou des « likes » que tel ou tel échange génère, mais comme en toute amitié, sur l’implication « réelle » que chacun souhaite mettre et met effectivement dans le lien qui s’est créé. Un peu à la manière des sites de rencontres… mais avec d’autres buts. Plus nobles ou plus élevés ? C’est à chacun d’en juger.

Une réponse à “Amitiés en ligne, Facebook et autres, une appréciation”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.