Avec Marie-Madeleine à la Sainte-Baume

Entrée grotteLe massif de la Sainte-Baume, où je passe quelques jours, ne manque pas de richesses. La première est sans doute sa grotte (Baume veut d’ailleurs dire « Grotte »), à flanc de montagne, accessible à pied depuis le plateau au bout d’une demi-heure environ : les curieux, les randonneurs, les pèlerins s’y pressent, dès 7h30 le matin. Ils traversent pour y parvenir une deuxième richesse, une magnifique forêt de hêtres. Et s’ils sont guidés par des motifs spirituels, ils vont trouver à l’arrivée la mémoire et les reliques de sainte Marie-Madeleine, dans la fameuse grotte. Dont la température, et c’est la troisième richesse en été, celle d’ailleurs dont j’étais le plus demandeur en ce temps de canicule, ne dépasse pas 15° !

La tradition provençale, celle à laquelle sont attachés les frères dominicains présents sur les lieux (plateau et grotte) depuis 1295, rapporte que Marie-Madeleine se serait installée dans cette grotte après son expulsion de Terre Sainte et son arrivée en radeau aux Saintes Maries de la Mer. Et elle y aurait vécu une trentaine d’années. Cette tradition présuppose d’emblée que les trois Marie des évangiles, la pécheresse pardonnée, la sœur de Marthe et de Lazare, et la Myriam du jour de Pâques, n’en font qu’une, comme l’a défendu saint Grégoire le Grand.

La tradition est discutable et discutée, mais il est incontestable que ces trois figures ont certains caractères en commun, ne serait-ce que leur attachement au Seigneur Jésus, leur reconnaissance à son égard, et sans doute la volonté de le faire connaître. Et le guide habituel ou occasionnel peut développer ces points. En outre, comme le disait volontiers un éminent frère « grottesque », autrement dit gardien de la Grotte, Marie-Étienne Vaysssière : « je ne sais pas si Marie-Madeleine est venue à la Sainte Baume, mais je sais qu’aujourd’hui, elle y est ». Grâce à la  prière et à la foi des générations.

Intérieur grotteC’est, il est vrai, surtout la pècheresse pardonnée que l’on célèbre et prie ici : dans des célébrations eucharistiques, dans des rencontres personnelles, dans le sacrement de réconciliation… Depuis quelques années en outre, a été créé un « chemin de consolation », autrement dit des étapes sur le domaine de la Grotte qui permettent aux mamans d’un enfant non-né, le plus souvent du fait d’un avortement, de faire un chemin de mémoire et de réconciliation, avec éventuellement dépôt d’une plaque portant le nom de l’enfant. On aura compris que ce travail de mémoire est facilité par les lieux mêmes : une grotte, en histoire religieuse,  n’est pas sans rappeler le sein maternel… L’abondance des plaques déjà fixées montre que ce chemin correspond à une véritable attente, et, pendant mes quelques jours de présence au vicariat de la grotte, j’ai reçu plusieurs personnes consolées ou à consoler.

Quand on y réfléchit, on arrive facilement de ce « ministère » à une autre image de Marie-Madeleine : l’apôtre des apôtres, celle qui annonce la résurrection de Jésus. C’est sous ce rapport que la célèbrent fréquemment les frères en résidence sur le plateau. De nombreuses sessions, axées sur l’annonce de l’évangile et de la miséricorde divine, y sont organisées, rejoignant pleinement la mission de Marie-Madeleine telle que la rapporte saint Jean :  » « va trouver mes frères et dis-leur : je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » Marie de Magdala vient annoncer aux disciples qu’elle a vu le Seigneur et qu’il lui a dit cela » (Jn  20,17-18)

 

 

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