Transfiguration

Frères et sœurs, l’événement de la Transfiguration est un moment majeur de la vie de Jésus sur notre terre, et les trois évangiles synoptiques y font un large écho. Les églises orientales lui donnent aussi un grand lustre, le 6 août. L’Église catholique les rejoint à cette occasion mais, peut-être du fait de l’été, avec plus de discrétion ; en revanche, elle s’y attarde le deuxième dimanche de Carême.

Je m’en réjouis parce que, je viens de vous le dire, c’est un moment majeur. Pour au moins trois raisons. En premier lieu, parce que la Transfiguration vient réconforter tous les disciples, et nous-mêmes donc, dans leurs épreuves : à l’occasion de la Transfiguration, Jésus leur montre que la Croix, et donc la mort, ne sont pas le dernier mot de l’histoire, ou de leur histoire, mais un passage vers la résurrection. C’est pour la vie que Jésus est venue, et cette vie ne s’arrête pas avec notre mort.

Et j’en viens à la deuxième raison. La Transfiguration montre aux disciples qui sont autour de Jésus, et à nous encore aujourd’hui, que le monde tel que nous le percevons de nos yeux de chair n’est qu’une partie du monde tel qu’il est : nous voyons ou vivons l’épreuve, la maladie, la douleur, la peine, ou même les atrocités que les hommes s’infligent les uns aux autres, mais malgré tout, il y a un autre monde qui est là, qui est la vie, qui nous attend, et pas seulement à la fin des temps ou de notre temps, mais déjà aujourd’hui. Autre manière de dire que l’espérance est toujours là et ne déçoit pas.

Bien sûr, les malheurs sont là aussi, nombreux. Mais ils peuvent être regardés autrement. Revenons à la Transfiguration : pourquoi les disciples voient-ils la lumière de Jésus pendant un temps et ne la voient plus ensuite ? Parce qu’elle avait disparu, pense-t-on spontanément ! Mais une autre interprétation est possible : parce qu’ils voyaient dans un premier temps Jésus avec les yeux de la foi, et que ces yeux se sont fermés ensuite. Un peu à la manière dont Pierre marche sur les eaux : aucun problème dans un premier temps avant que, tout à coup, le doute ne s’installe et qu’il coule.

La troisième raison se trouve là. La Transfiguration nous offre de contempler la foi, l’amour et l’espérance réunis : la foi qui permet, au plus profond du visible, de voir l’invisible, pour reprendre une expression de la lettre aux Hébreux ; l’amour parce que la Transfiguration annonce la Croix, et donc le don total que Jésus fait de lui-même, justement par amour ; et l’espérance parce qu’elle nous ouvre vers l’avenir et la plénitude des temps où nous verrons Dieu tel qu’il est.

La Transfiguration nous rappelle que nous voyons le monde avec nos yeux de chair, mais qu’il est aussi possible de le voir avec ceux du cœur : aussi est-il tout à la fois beau et laid, joyeux et triste. La Transfiguration ne cache rien, elle nous invite et nous apprend à reconnaître les deux côtés de la médaille de toute vie, si l’on peut parler de médaille : les disciples viennent d’en contempler un côté, et ils auraient bien voulu s’arrêter là, rester du bon côté et monter trois tentes. Nous aussi, sans doute, mais il faut aussi savoir redescendre de la montagne et vivre la Transfiguration dans la plaine de notre quotidien.

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