L’Église catholique et Tiger Woods

Tiger Woods est de retour ! Pour ceux que ce prénom et ce nom laisseraient de marbre, qu’ils sachent qu’il s’agit de l’un des plus grands golfeurs « de tous les temps », comme on dit : 15 grands tournois majeurs à son actif, dont le dernier, hier, à Augusta, devant toutes les plus grandes pointures de ce sport. Bon, je sais que certains contesteront qu’il s’agisse d’un sport, mais compte tenu de la préparation que les compétitions exigent, de la maîtrise de soi demandée, des kilomètres à pied tout au long du parcours, parlons de sport !

Un sport auquel je ne connais pas grand chose, mais qui me fascine : envoyer des balles à 170 ou 200 m de distance, vers un trou minuscule, avec une précision « diabolique », en évitant les arbres, les buissons, les pièces d’eau, les « bunkers » qui sont sur le chemin, constitue à mes yeux une expérience incroyable, qui demande des années de pratique et des heures et des heures d’entraînement ! Tiger Woods est de ces métronomes qui enchantent le public.

Église en ruines

Et l’Église me direz-vous ? J’y viens. Tiger Woods n’est pas que ce que je viens d’écrire. Ces dernières années, il a défrayé à plusieurs reprises la chronique pour des problèmes de conduite, entendue en tous les sens de ce terme : relations extra-matrimoniales en particulier mais pas seulement. En plus d’énormes difficultés de santé qui l’ont fait passer par quatre opérations du dos. Après la gloire, le fond du trou ! Et les mêmes souvent qui l’avaient « encensé » n’avaient pas de mots assez durs pour « l’enfoncer ».

Depuis hier, avec sa victoire sur le très difficile parcours d’Augusta, devant un public conquis et exultant qui ne semble pas lui tenir rigueur de ses frasques à répétition, à 43 ans, Tiger Woods est de retour. Et voilà qu’en réfléchissant à tout cela, à ce parcours hors normes, je me suis dit qu’il y avait là quelque enseignement possible pour l’Église catholique en pleins tourments.

Parce que Tiger Woods a travaillé dur pour remonter la pente et « revenir en grâce ». Il a accepté sa chute, s’est mis en retrait, pris le temps de soigner son corps et de travailler sur lui pour qu’il ne lui fasse plus défaut, renouvelé son « swing », s’est remis en route au fil des tournois pour avancer, voire gagner. Il n’est pas devenu parfait, il ne le sera jamais, il a juste travaillé à s’améliorer, à reprendre la route, et c’est manifestement ce qu’attendait de lui son public. Cela demande du temps, des années…

Mutatis mutandis, n’est-ce pas là ce qu’on pourrait attendre de notre Église catholique ? Pour parvenir à son but, elle doit viser juste, éviter ornières et chausse-trappes, utiliser ce que les golfeurs appellent le « fairway » et que l’on pourrait traduire par « bon chemin ». Il lui faut pour cela travailler humblement à soigner son « corps », prendre appui sur ses points forts, par exemple la présence de l’Esprit accueilli dans la prière, tracer avec persévérance un chemin de renouveau dans le monde… Chacun des mes lecteurs doit bien savoir où il est attendu.

Quand on évoque ce genre de parcours, qui oblige à trouver ou retrouver une certaine dose d’humilité, on parle souvent de « come-backs », et parfois si l’on est disciple de Boris Cyrulnik de résilience : Tiger Woods n’est pas le seul à l’avoir connue, il en est juste le dernier exemple. Passage de la mort, disons d’une certaine forme de mort, souvent immensément douloureuse, à la vie, disons d’une certaine forme de vie qui, quoi qu’on fasse, prendra fin un jour.

Ce n’est donc pas exactement la résurrection de Jésus telle que nous la célébrons chaque année à Pâques, qui part d’une vraie mort pour parvenir à une vraie vie, mais une approche symbolique et marquante. Si l’Église catholique, dans son corps global comme dans ses membres, devait vivre quelque chose de cet ordre, dans les années ou décennies à venir, pour qu’elle puisse témoigner du cœur du Ressuscité qui bat en elle, je m’en réjouirais !

2 commentaires à propos de “L’Église catholique et Tiger Woods”

  1. Rapprochement plutôt inattendu … mais à bien y réfléchir, pourquoi pas ? Il va falloir que l’Eglise et tous les chrétiens se retroussent les manches et fassent preuve de persévérance… avec l’aide de l’Esprit Saint !
    Duc in altum !

  2. Cher Hervé,
    Bravo pour ce rapprochement qui oblige à la réflexion.
    Étant joueur de golf, j’ai particulièrement apprécié cette référence !
    Une suggestion : ne pourrait-il y avoir en fin d’article un lien pour permettre de le partager avec d’autres amis, sans passer par Facebook ou Tweeter ?

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