L’Assomption, couronnement du Oui de Marie

Frères et sœurs, la fête de l’Assomption est-elle une fête de la Vierge ou une célébration du Christ ? Le plus souvent, dans le domaine biblique en particulier, et théologique en général, il faut répondre : les deux.
Que la fête de l’Assomption soit une fête à l’honneur du Christ, les lectures que nous venons d’entendre le montrent à l’évidence. Dans le livre de l’Apocalypse, Marie est évoquée comme mettant au monde l’enfant mâle, berger de toutes les nations ; dans la lettre de Paul, le Christ est au premier rang de ceux qui reçoivent la vie ; et dans l’évangile, Marie est bénie pour le fruit de ses entrailles.

La raison de cette prééminence du Christ est claire. Pour la tradition catholique, Marie a été préservée du péché originel, celui qui touche normalement tout être humain qui entre dans le monde et l’oriente vers le mal. C’est ce que l’on appelle le dogme de l’Immaculée conception. Ce privilège, qui lui fut accordé pour accueillir en son sein celui qui n’a jamais connu le péché, est un fruit anticipé de la résurrection. Tout ce dont a bénéficié Marie dans sa vie, et même dès sa conception, lui vient donc du Christ.

Dès lors, si le péché est non seulement ce qui nous caractérise sur la terre, mais aussi ce qui nous y retient, y compris dans sa dimension corporelle, rien ne pouvait retenir la Vierge Marie en son corps sur terre à la fin de sa vie. Si saint Paul, un pécheur, a pu dire « ce n’est plus moi qui vis, mais c’est le Christ qui vit en moi », alors à plus forte raison Marie le pouvait-elle, elle qui a porté Jésus en son sein et l’a accompagné jusqu’au pied de la croix !

L'Annonciation, prélude à l'Assomption

Mais il reste que l’Assomption est aussi une grande fête de la Vierge : elle a en effet pleinement collaboré au plan de Dieu sur elle. Tout commence par son Oui, le fameux Fiat, à l’annonce de l’ange, mais tout ne s’arrête pas là : Marie a ensuite conformé toute sa vie au désir de Dieu en accompagnant son fils. D’une certaine manière, elle a payé cher ce Fiat : dès la naissance avec l’exil, mais surtout lors de la Passion. Syméon ne le lui avait pas dit sans raison : « un glaive te transpercera l’âme ».

Ce oui de la Vierge est un oui exemplaire : c’est celui de tous les saints et de ceux qui aspirent à le devenir. C’est le Oui que Jésus nous demande et qu’il nous est souvent si difficile de prononcer. Non pas que le joug du Seigneur soit lourd et dur à porter, Jésus nous dit exactement l’inverse (Mt 11,30), mais parce que nous pressentons que nous allons devoir quitter nos chemins familiers, notre « zone de confort » comme on aime à le dire aujourd’hui, et que nous ne savons pas ce qui nous attend vraiment sur ce nouveau chemin. Alors, nous préférons nous accrocher à des branches connues mais pourries, suivre des routes balisées mais qui nous tiennent loin du meilleur chemin…

Et nous y perdons cette obéissance filiale, cette fraîcheur, cette légèreté qui caractérisent Marie et qui justifient son Assomption. Alors, frères et sœurs, puissions-nous dire à notre tour ce « Fiat », ce Oui qui nous élèvera au ciel dès aujourd’hui et nous y maintiendra jusqu’à l’heure de notre mort !

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