Le faible et le puissant

4 octobre 2019 : A l’honneur de notre père saint François, en ce jour de sa fête

Oui, cher lecteur, je sais bien que la fidélité à Dostoïevski aurait dû me faire écrire que la beauté, et non le faible, sauvera le monde. Mais de quelle beauté s’agit-il alors ? De celle des Miss France dont, dans un magnifique billet intitulé « les rois de l’univers », écrit au lendemain de la mort du petit Gaspard Clermont, mon amie Ioulia Condroyer a dit toute la vanité ? Ne serait-ce pas plutôt cette beauté intérieure qui se forge lentement dans la faiblesse éprouvée, offerte, surmontée ? Celle des malades et des handicapés telle qu’on la rencontre à Lourdes, celle de ces visages burinés et apaisés que l’on croise dans les EHPAD, celle des explorateurs de l’âme et des silences divins que l’on trouve chez les moines du désert, celle du faible et du petit aux yeux du monde…

Il en a toujours été ainsi dans notre monde, et pas seulement occidental, c’est la puissance qui s’exprime et se donne à admirer : celle de la technique au premier chef et au premier plan des lois, peut-être bio mais de moins en moins éthiques, celle de l’argent et du profit pour une minorité, celle de la ville aux dépens de la campagne, celle de la force militaire qui s’expose dans des défilés… Chacun allongera la liste comme il l’entend.

Mais s’agit-il là des vrais tickets gagnants ? A moyen terme et à vue humaine, sans aucun doute, il suffit de regarder autour de soi ou de lire quelques dépêches d’actualité. Mais cette puissance, qui ne vit que de la peur et sur la peur, est malgré tout sans avenir parce qu’elle ne peut se maintenir qu’en éliminant tous ses rivaux. Jusqu’à ce que l’un d’entre eux, ou plusieurs d’entre eux, ou toute une population ne réussissent à l’écarter. Pour une autre qui sera meilleure ou pire.

Ou jusqu’à ce que le faible, caillou dans la chaussure du puissant, ne contribue lui aussi à faire trébucher ce dernier. Remarque-t-on assez que si le puissant élimine tout autre puissant qui pourrait le menacer, il tend à éliminer aussi le faible qui le gêne comme sa mauvaise conscience ? N’est-ce pas ce que l’on constate aujourd’hui en bioéthique avec toutes les formes d’eugénisme, de fait ou rampant ?

le faible

On a toujours du mal à l’admettre, mais il n’y a que la dernière place que personne ne convoitera jamais : celle du faible, celle qu’a choisie Jésus tout au long de sa vie terrestre et qui lui a apporté tant de contradictions, celle qu’à occupée notre père saint François.

« Si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit votre esclave » (Mt 20,27) ou encore « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur » (Mt 23,11). Attitude vécue par Jésus auprès de ses disciples dans le lavement des pieds, et auprès du monde par l’exaltation sur la croix.

Oui, je sais que ce que j’écris là, je l’écris dans la foi au Christ Sauveur, et ce n’est pas très réconfortant au quotidien pour le faible, ne serait-ce que parce que sa « justification » va demander du temps et coûter de nombreuses vies, en plus souvent de la sienne : mais les nobles combats et les vraies victoires ne sont jamais le résultat d’un coup de baguette magique !

Finalement, je vais te laisser cher lecteur avec une note positive, celle qui s’exprime dans la merveilleuse chanson de Glorious, Relever le faible. Avec ce refrain magnifique : « Tu viens relever le faible, tu le prends dans tes bras ». Au fait, la voix est celle de mon amie, Marie Cazenave. C’est ici :

Une réponse à “Le faible et le puissant”

  1. La vrais Puissance et la seule vraie est Celle de Dieu. Elle est tolérance de nos faiblesses et solidarité avec la non-puissance des petits et des « faibles ». Jadis je croyais que le fort doit abaisser les forts et élever les faibles. Morale romaine qui dans ma faiblesse innée ne m’a apporté que la ruine. À la fin je mesure la vanité absolue de la volonté de puissance non seulement car je suis détruit mais parce que j’ai rencontré la vraie Force… Des femmes et des hommes qui mettent leur pouvoir au service du Bien. Un pouvoir réel (lui) et un Bien qui n’a pas honte de son Nom
    Jésus. À Lourdes j’ai vu plus de vie et d’énergie dans ces yeux et ces corps souffrants mais pleins d’amour que nulle part ailleurs. Heureux les méchants que le Ciel foudroye pour leur salut. Dixit Augustin d’Hippone. Tant qu’il me reste un souffle de vie et au delà je veux croire en ce Dieu qui nous Aime…

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