Crédibilité et exemplarité vont de pair

Crédibilité, qui n’a eu recours à ce mot récemment, ou ne l’a entendu autour de lui ? On n’y a sans doute jamais fait autant référence que dans le domaine politique, tant nos « élites » auto-proclamées semblent loin du « peuple » et de ses attentes, tant les solutions proposées apparaissent décalées ou vaines, tant la marche du monde paraît inexorable et douloureuse sans qu’un vrai capitaine ne se manifeste à la barre…

Ce manque de crédibilité ne concerne évidemment pas que les politiques, mais tous ceux, dont nous sommes sûrement, qui ne mettent pas en accord leurs actions et leurs paroles, autrement dit ne prêchent pas d’exemple. Il s’agit d’une exigence que les religieux de tous acabits connaissent bien, celle de prêcher « verbo et exemplo« , par la parole et par l’exemple.

Mais  les « écarts » sont innombrables en tous domaines : pour les religieux, je n’ai pas besoin d’évoquer des cas, ils fleurissent à longueur de journées et de journaux. Mais en voici d’autres :

  • Voici François Ruffin qui, dans un « prêche » très théâtral, mais largement fondé, évoque le sort des petites mains de l’Assemblée nationale :

    Je ne suis pas sûr que cela ait changé quelque chose…
  • Voici Anne Hidalgo qui fait installer à la porte de Clignancourt une modeste « oeuvre d’art », dont on voit mal qu’elle soit une oeuvre et moins encore de l’art, pour un coût de 650.000 euros
  • Voilà le CHU de Rouen qui commande une autre « oeuvre d’art » pour un coût de 100.000 euros, à un moment où les hôpitaux sont au bord de l’asphyxie financière…

Si je mets l’accent sur le domaine politique, au sens large, c’est parce qu’il est là très flagrant, en particulier dans la « question du jour », si délicate et si difficile, des retraites : chacun sait bien en effet que les actifs ne seront bientôt plus assez nombreux pour financer les besoins, même minimaux, des retraités. Si ce n’est pas déjà le cas : il suffit de se rendre dans l’EHPAD très délaissé qui jouxte notre communauté pour s’en persuader.

Le gouvernement s’est donc, après d’autres, emparé de la question en lui proposant une solution : c’était certainement nécessaire, mais je suis incapable de juger de la pertinence de la solution présentée. Toutefois quand, dans le même temps, je constate que certains membres de ce gouvernement touchent trois ou quatre retraites, que rien n’est vraiment proposé pour diminuer le train de vie des politiques, par exemple des anciens présidents, ou les dépenses somptuaires en termes alimentaires ou de prestige, je ne m’étonne pas que tous ceux qui bénéficient de « régimes spéciaux » cherchent eux aussi à les conserver, et que nombre de mes compatriotes s’insurgent. En eux-mêmes ou dans la rue.

Car la crédibilité doit impérativement aller de pair avec l’exemplarité, sinon elle reste sans effet. Le fameux « qui m’aime me suive », que l’on a attribué à plusieurs personnes au cours de l’histoire, dit bien la réalité : pour pouvoir être suivi, il faut donner l’exemple, ce qui permettra d’être considéré, voire même aimé. Je pourrais donner à ce sujet cent exemples tirés de la vie de Jésus, qui expliqueraient pourquoi il a été longtemps suivi, mais aussi finalement combattu comme n’importe quel prophète exigeant.  Car l’exemplarité a un coût.

Non, rien ne se fera de crédible si l’exemplarité n’est pas engagée : ce que j’ai évoqué là en rapport avec les questions politiques est tout aussi vrai dans bien d’autres domaines. Je pense en particulier à l’écologie, un problème  dont tout le monde parle, y compris dans les instances internationales, mais sur lequel bien peu s’engagent vraiment et de toutes leurs forces…

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