MDA est partie

Le titre de ce billet est aussi celui d’un article du journal Libération d’aujourd’hui, 19 mars : Marie-Dominique Arrighi était cette journaliste qui tenait un blog absolument remarquable sur son cancer, blog dont j’ai déjà parlé dans un autre billet. Je suis comme des milliers de gens, très triste, désemparé, sans jamais avoir connu la journaliste en question, sinon à travers ce seul blog.

Remarquable pour sa qualité d’écriture, mais plus encore pour son humanité. MDA, c’était son nom de plume, ne cachait rien de ses difficultés, de ses peines, de ses désirs, de ses colères (Ah ! les histoires de taxis et de difficultés de remboursement par la Sécurité Sociale), de ses attentes, mais elle le faisait toujours avec passion et juste distance, avec humour très souvent aussi (même lorsqu’il s’agissait de pousser son fauteuil roulant). C’est sans doute ce qui permettait à tant et tant de lecteurs de s’y retrouver pleinement : ils étaient, dit-on, dix mille par billet !

J’étais donc l’un d’entre eux, depuis pas mal de temps déjà. Je ne sais plus comment j’avais été conduit sur ce blog, je sais seulement, comme beaucoup d’autres, qu’après y avoir été conduit une fois, on y revenait, absolument sans voyeurisme aucun, simplement pour rencontrer quelqu’un qui était devenue comme une amie sans même qu’on la connaisse dans la vie quotidienne. J’ai bien lu que ceux qui l’ont connue disaient qu’elle n’était pas commode, très exigeante ; mais elle le savait et c’est bien la même qui, dans les derniers jours de son blog écrivait ces phrases superbes sous le titre non moins superbe Le goût de l’autre rive : « Ça y est, j’ai compris. Je suis sur l’autre versant. Ce n’est pas si terrible. Je vais mourir bientôt », et un peu plus tard : « Bref, j’ai mesuré l’intérêt de la présence d’un autrui bienveillant. Du coup, aucune angoisse de mon côté. J’ai compris qu’au-delà de mes perceptions personnelles, l’entourage morfle. Tout est bien plus dur pour lui que pour moi. Je veux désormais en tenir compte. C’est en outre l’occasion de parler, de se dire des choses intimes, de découvrir leur attachement, d’accepter leur aide avec plaisir —ce qui n’est pas mon fort…

J’apprends, avec plaisir, avec sourire ».

Daniel Schneidermann, journaliste lui-même à Libération, et qui l’a donc bien connue, écrit aujourd’hui ces lignes, dans un papier qui est un merveilleux hommage : « Un jour ou l’autre, il faudra bien que l’on reconnaisse l’expérience, non seulement humaine, non seulement journalistique, mais littéraire unique, que fut, que reste le blog de Marie-Dominique Arrighi ». Il a raison.

Aujourd’hui, je me suis permis un petit commentaire, en forme de remerciement, sur le blog de MDA. Il me semblait nécessaire de le faire aussi sur mon propre blog, parce qu’il ne faut pas seulement essayer de donner, mais dire aussi ce que l’on reçoit et de qui on le reçoit. MDA a parlé d’innombrables fois de sa soeur Élisabeth et de sa nièce Hélène. Cela s’appelle la gratitude, ou bien encore, sous d’autres cieux, l’action de grâces. MDA aurait sans doute préféré la première expression à la deuxième, trop marquée : c’était notre différence, mais on disait peut-être la même chose. Aujourd’hui, peu importent les mots ou la manière de dire, j’ai beaucoup reçu de MDA et je voulais simplement lui dire merci.

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