Le piège de l’opposition frontale

Comme je l’ai déjà exprimé dans un article de ce blog, et comme je le pense toujours, les questions posées par certains homosexuels auraient pu et dû trouver d’autres réponses que celles choisies par le gouvernement actuel, par exemple en développant les formes de l’union civile : un grand nombre de députés et de sénateurs se sont d’ailleurs exprimés en ce sens. Au lieu de s’opposer, et au risque de n’être pas entendu, et de fait ils ne l’ont pas été, ces politiques ont très justement choisi de proposer.

Dans cette même ligne, il aurait été tout à fait souhaitable que les responsables des importantes manifestations qui se sont déroulées ces derniers temps adoptent une attitude et des slogans constructifs. S’il est vrai que, dans un premier temps, je me suis dit que remplacer le slogan « le mariage pour tous » par « tous pour le mariage » était une brillante trouvaille, je me suis rendu compte depuis qu’un tel slogan gardait un caractère défensif, et facilitait les critiques de type « rétro », « homophobe » et que sais-je encore. Critiques faciles et totalement injustes certes, mais inévitables avec la posture choisie. Bien sûr, il s’agit bien de « défendre » le mariage traditionnel et ses valeurs, mais n’y avait-il pas une autre manière de le faire ? En proposant et contournant plutôt qu’en s’opposant de manière frontale !

Si les responsables des manifestations avaient choisi dès le départ de se présenter comme bienveillants en face des questions posées par les homosexuels, cherchant à trouver avec eux des solutions sans qu’il soit besoin de toucher au mariage, et même si d’autres enjeux sont apparus ensuite dépassant largement la question homosexuelle, il me semble qu’il leur eût été plus facile de se faire entendre et que le combat de l’opinion, essentiel mais distinct du combat tout court, eût pu être au moins posé différemment, avec un a priori un peu plus favorable aux opposants : mais sans doute aussi eût-il été plus difficile aux organisateurs d’accorder leurs violons et aux foules de se mobiliser !

P.S. A la lecture de ce billet, une amie m’écrit : « Tu rêves » avant d’évoquer cent faits et raisons de douter de pouvoir en rien changer la politique actuelle. J’entends bien tout ce qui m’est dit là, par elle et par d’autres, mais mon propos vise autre chose. Je note que tous les sondages montrent que les Français restent majoritairement favorables au projet de loi : et la représentation nationale les suit. Or, pour moi, naïveté peut-être mais fondée sur ce que j’entends chez des proches, tous ne sont pas favorables à ce projet seulement pour des raisons idéologiques, mais beaucoup le sont parce qu’ils continuent de penser que des injustices touchent les homosexuels, et que le projet de loi apporte des solutions pour y remédier. Je n’en crois rien, je vois ce projet comme un cheval de Troie, mais la position majoritaire de « l’opinion » me conduit à penser que la communication faite par les opposants, bien sûr malmenée, bien sûr caricaturée mais cela ne suffit pas à tout expliquer, n’a pas convaincu, au moins tous ceux qui ne sont pas guidés par l’idéologie et qui sont nombreux : je dis seulement qu’elle le pouvait d’autant moins qu’elle s’est montrée trop frontale.

P.S. 2 : Si le témoignage présenté dans le lien suivant est vrai, http://blogs.mediapart.fr/blog/pihoute/180413/le-vrai-visage-de-la-manif-pour-tous, et il l’est sans aucun doute, alors il montre certes que l’esprit du mal est à l’oeuvre, hélas ! Cela ne suffit toujours pas pour moi à invalider l’opinion que je défends.