Croire en la résurrection

Frères et sœurs, l’évangéliste Jean nous présente aujourd’hui la figure de l’apôtre Thomas, en précisant que son prénom veut dire « jumeau » : je me suis demandé de qui il était le jumeau, et la réponse est qu’il l’est peut-être de chacun d’entre nous. Il n’est pas difficile en effet de se reconnaître dans cette figure qui n’est pas celle d’un incroyant, puisqu’il confesse finalement « mon Sauveur et mon Dieu », mais plutôt celle d’un mal croyant.

La chose est d’autant moins difficile que l’idée et plus encore la réalité de la résurrection restent d’un abord difficile pour nous comme pour lui. À l’époque de Jésus déjà, les Sadducéens en rejetaient l’idée ; mais c’était aussi le fait des païens, si l’on en croit ce que nous rapporte Luc des démêlés de Paul à Athènes : là, lorsqu’il est question de résurrection, les philosophes lui disent « nous t’entendrons là-dessus une autre fois ». Aujourd’hui, les tenants de la réincarnation, plus nombreux qu’on ne le croit ou le dit, même parmi ceux qui se déclarent chrétiens, esquivent eux aussi la réalité de la résurrection.

Et pourtant, elle est au cœur de notre foi chrétienne, au point que sa mention figure dans notre Credo. Et tout l’heure, nous redirons : « je crois à la résurrection de la chair ». Les deux mots, résurrection et chair sont également importants : la résurrection n’est pas un simple retour à la vie humaine, comme ce fut le cas de Lazare, elle implique l’idée d’une vie éternelle ; quant à la chair, il est clair qu’elle doit vivre d’un éclat nouveau, mais qu’elle reste cette chair qui nous singularise et nous identifie. D’ailleurs, quand les disciples retrouvent le ressuscité au bord du lac de Tibériade, ils le reconnaissent et ils mangent avec lui !

Qu’est-ce donc qui nous tient si souvent à distance d’un tel mystère, qui nous rend la résurrection problématique ? On le voit avec Thomas : d’un dimanche à l’autre, si je puis dire, il passe d’un amour déçu à un amour vivant, confessant. L’amour déçu cherche toujours des preuves, il en a besoin pour se rassurer, on le voit aujourd’hui avec Thomas : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! ». Mais l’amour vivant fait confiance, il reconnaît la personne aimée, et celle-ci est toujours pour lui unique, singulière, impossible à confondre avec une autre : on l’a vu la semaine passée avec Marie-Madeleine. Si nous aimons comme cette dernière, nous n’avons pas besoin de preuves, ou plutôt l’amour même est notre seule preuve.

Frères et sœurs, dès qu’elle a reconnu Jésus, Madeleine est envoyée aux disciples pour leur partager sa joie de la Bonne Nouvelle. Et Thomas aujourd’hui, qui s’était isolé de ces mêmes disciples par ses doutes, les retrouve en retrouvant Jésus. Mais il ne retrouve pas qu’eux : il est aussi en lien avec tous ceux qui sont déjà au ciel, qu’ils aient ou non connu Jésus. Ceux-là, tous ceux qui nous ont précédés, ne s’interrogent pas sur la résurrection, ils en vivent !

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