Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?

Le titre de cet article est aussi celui d’un film récemment sorti en France où il fait un tabac : l’histoire est celle d’une famille bourgeoise, gaulliste et catholique pour faire bonne mesure, les Verneuil,  dont les 4 filles épousent successivement un arabe, un juif, un chinois et enfin un ivoirien. Très gros grain, caricatural à souhait dans la description du père de famille ou du curé, le film n’en est pas moins plutôt bien joué, riche de situations cocasses et de réparties piquantes, et permet de passer un bon moment.

Deux éléments m’ont rendu ce film sympathique :

  1. Si le père, blanc, manifeste des principes racistes initialement très prononcés, son alter ego ivoirien n’a rien à lui envier : est ainsi évitée la présentation trop fréquente du mauvais blanc contre le bon noir, autrement dit un manichéisme de mauvais aloi.
  2. Pour que la situation ne reste pas figée et évolue favorablement, Mme Verneuil suggère à son mari de battre en retraite et de prononcer une demande publique de pardon : le démarche aboutit de fait, et elle est rarement mise en avant dans un spectacle. Il en s’agit de rien d’autre que de se donner du temps, de laisser une place à l’autre pour qu’il s’exprime, place dont on peut espérer qu’elle sera finalement celle de la paix.

Mais le film me paraît quand même un peu court : s’agit-il vraiment de paix ou d’un répit ? Les gendres, dûment chapitrés par leurs épouses respectives, choisissent d’éviter les sujets qui fâchent lors d’une grande réunion familiale, quand une réunion précédente, dans laquelle chacun avait mis en avant ses préjugés, avait tourné au désastre. Certes, cela leur permet de se retrouver sans dégâts, et d’amorcer le dialogue, mais celui-ci ne pourra certainement pas à terme en rester là : il faut accepter le débat qui est le gage d’une rencontre en vérité, mais ses modalités doivent être soigneusement balisées. Comme le rappelle d’ailleurs le frère Adrien Candiard dans son excellent petit livre « En finir avec la tolérance ? Différences religieuses et rêve andalou ».

Pour tout dire, un film qui évoque sans le chercher explicitement le meilleur moyen de vivre en paix entre différentes religions, mais dans lequel les bons sentiments de largeur de vue et de tolérance esquivent les vraies difficultés.

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