Appelés à la liberté

Frères et sœurs, nous venons d’entendre saint Paul rugir un appel à la liberté à l’intention des Galates : « c’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés ». Pour l’apôtre, il était alors urgent que les Galates renoncent à certaines pratiques juives, telle que la circoncision ou les restrictions alimentaires, qui n’étaient pas nécessaires au salut, et faisaient même obstacle à l’accueil de Jésus par les païens. Mais quelle peut être l’actualité de cet appel aujourd’hui pour nous ? Ne sommes-nous pas libres, et si tel n’est pas le cas, de quoi devons-nous nous libérer ? D’ailleurs, comment ne pas se demander si l’on peut vraiment parler de libération dès lors qu’il faut se mettre au service… de Dieu ou des autres ?

Débarrassons-nous d’emblée de cette fausse conception de la liberté, qui continue à hanter les consciences de tant de nos contemporains : la liberté ne consiste pas à faire ce que l’on veut, comme l’on veut, quand on veut ! Une telle conception présuppose que nous sachions qui nous sommes et où nous voulons aller : cela qui peut le prétendre ? Laissé à lui-même, l’homme n’est qu’un errant, que le péché désoriente sans cesse et qui l’empêche de voir où se trouve son vrai bien.

Il nous faut donc vivre d’une vraie liberté, qui nous fera penser et agir selon notre être profond : mais cet être, qui le connaît sinon Dieu seul, le créateur qui sonde les reins et les cœurs ? De sorte que se mettre à son service revient en fait non à perdre sa liberté mais à la trouver ou à la retrouver. D’autant plus que Dieu ne nous contraint pas à faire le choix de ce service, il nous le propose comme étant notre plus grand bien.

C’est le choix qu’a fait Jésus et c’est le choix qu’il propose à ceux qu’il appelle ou qui voudraient le rejoindre. Ne nous y trompons pas, il s’agit d’un choix douloureux parce que cette liberté va nous faire avancer très souvent à contre-courant des orientations du monde d’une part, en nous heurtant aux fausses idées et aux comportements égoïstes que ce monde nous propose, et à contre-courant de certaines de nos pentes naturelles d’autre part. Le monde d’aujourd’hui a ses idoles, exactement comme celui d’hier, et nous les intériorisons volontiers : la liberté que propose Jésus se gagne toujours contre ces idoles et donc en passant par la croix.

Il faut faire un choix, que chacun assumera à sa manière : on ne sait d’ailleurs pas précisément dans le passage évangélique que nous avons entendu ce que fut précisément la réponse des interpellés. Si certains vont tout quitter, famille, amis, situation, d’autres ne pourront le faire. Mais Jésus ne leur reproche rien, il les laisse aller leur chemin. Car si tous les chemins ne mènent pas, quoi qu’on en dise à Rome, tous peuvent conduire à Jésus dès lors que l’on accueille l’Esprit-Saint dans sa vie, et que l’on accepte de marcher sous sa conduite, en toute liberté. C’est l’invitation qu’adresse Élie à Élisée en jetant sur lui son manteau, et c’est aussi le rappel que saint Paul adressait aux Galates : « Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi ».

Il le redira d’ailleurs avec force aux Corinthiens dans une affirmation qui dit l’essentiel : « là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté ».

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