Fidèles à notre baptême

Frères et sœurs, il existe deux manières de considérer le baptême et donc deux manières de l’administrer. Je précise d’emblée que ces deux manières  ne sont pas exclusives, mais complémentaires d’une juste compréhension du baptême. La première, la plus connue et pratiquée dans notre pays, consiste à verser un peu d’eau sur le front du catéchumène, et elle évoque une purification, celle du péché originel : le baptisé se trouve réorienté vers Dieu, ce qu’il n’était pas spontanément à sa naissance, dans un monde marqué par le péché.

La deuxième, celle que je préfère mais qui rencontre un succès encore très mitigé, du moins en Occident, consiste à plonger le catéchumène dans un bain d’eau : si vous allez, ou êtes allés, sur le lieu reconnu largement aujourd’hui comme celui du baptême de Jésus (Qasr el Yahud, mais certains lui préfèrent le Wadi Kharrar, côté jordanien), au bord du Jourdain, vous verrez sans doute des personnes jeunes ou moins jeunes baptisées de la sorte. En particulier chez les évangéliques. Bien évidemment, la compréhension du baptême qui en ressort s’en trouve modifiée : on y reconnaît, à travers le passage plénier dans l’eau, une participation à la mort et à la résurrection de Jésus.

Baptême par immersion

C’est de cette deuxième manière, comme une plongée avec les risques que cela comporte, que nous est présenté le baptême par l’apôtre Paul dans le chapitre 6 de la lettre aux Romains. C’est ainsi que Jésus l’a reçu des mains de Jean, c’est certainement ainsi qu’il l’envisage dans l’évangile que nous venons d’entendre lorsqu’il dit « je dois recevoir un baptême ». Sous ce mode, on comprend que le baptême n’est pas une formalité, et moins encore une partie de plaisir : la mort est présente, et Jésus le sait.

Mais ses disciples sont certainement très loin d’en avoir une perception juste. Pour eux en effet, le Messie, qu’ils pensent avoir reconnu en Jésus, était vu comme un messager de paix, certainement pas un générateur de conflits. Ces conflits, Jésus ne les a certainement pas désirés, ni pour lui-même, ni pour ses disciples : mais s’ils sont fidèles à Jésus comme lui-même l’est à Dieu, alors ils sont inévitables, tant la doctrine et la manière de vivre que propose Jésus sont opposés à celles du monde.

Pensez à ce que peut être la mise en œuvre rigoureuse des Béatitudes. Dans cette perspective, la remarque de l’auteur de lettre aux Hébreux prend tout son sens, et elle s’applique aussi à chacun de nous aujourd’hui : « Méditez l’exemple de celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle hostilité, et vous ne serez pas accablés par le découragement. »

Jésus n’a pas voulu la mort, ni pour lui ni pour ses disciples : le martyre n’est pas un premier choix pour le chrétien qui doit d’abord être un témoin de la vie nouvelle reçue dans le baptême. Mais « le disciple n’est pas au-dessus du maître », et sa fidélité peut lui valoir le sort qu’a connu Jésus : il était important que Jésus le fasse savoir et comprendre à ses disciples.

Plus tard d’ailleurs, après la mort et la résurrection de leur maître, forts du don de l’Esprit, une nuée de témoins, comme dit l’auteur de la lettre aux Hébreux, autrement dit beaucoup d’entre eux n’auront pas la chance du prophète Jérémie en ayant un ami qui intercèdera pour les tirer du puits de la mort. Ils sont des millions encore aujourd’hui dans notre monde à ne pas hésiter à donner leur vie, par fidélité à Jésus.

Frères et sœurs, la fidélité à notre baptême n’implique sans doute pas pour nous aujourd’hui de « résister jusqu’au sang dans la lutte contre le péchés », mais certainement de « courir avec endurance l’épreuve de vie qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus ». Et ce n’est pas toujours le plus facile…

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