Le titre de ce billet est aussi, si je ne me trompe pas, celui d’une vieille chanson de Serge Gainsbourg : je n’en connais pas le contenu exact qui ne m’importe pas ici. Ce qui m’intéresse, c’est qu’à l’époque, l’expression cherchait à questionner ce qui était au goût du jour (in) et ce qui était dépassé (out). Il fallait évidemment être « in » sans que l’on sache vraiment ce que cela voulait dire, ni non plus pourquoi être « out » était nécessairement une tare.
Quand je lis les réactions de nombreux journalistes et commentateurs français à l’élection du pape François, et je pense ici aussi au courrier des lecteurs, je me dis que les temps n’ont pas beaucoup changé : « in » et « out » ont été remplacés respectivement par « progressiste » et « conservateur ». Sans que l’on sache là non plus ce que recouvre vraiment « être progressiste », ni non plus pourquoi être progressiste serait de soi la meilleure des choses du monde. Trois remarques au moins invitent à interroger une telle lecture :
- Quels sont les critères qui permettent de définir que tel acte, telle situation, tel engagement est un progrès ?
- Pourquoi le progrès serait-il nécessairement un bien ?
- La finalité et l’usage ne joueraient-ils aucun rôle ?
Quand l’apôtre Paul invite son disciple Timothée à garder le bon dépôt (1 Tm 6,20), celui de la foi, il l’invite à être « conservateur » au sens propre du terme, et il n’est pas interdit de penser qu’il s’agit d’un « progrès » lorsque la société va à vau-l’eau sur le plan spirituel ou moral. Peut-on être conservateur et progressiste tout à la fois ? A l’évidence, oui, et cela montre que ces catégories sont totalement inadéquates pour établir un bon jugement. Lors donc que des commentateurs qualifient le pape François (ou bien d’autres) de conservateur, ils pourraient bien lui tresser sans le savoir le plus bel éloge. En tout cas, ils se manifestent comme complètement « out », incapables de saisir les enjeux du moment faute de disposer d’une grille de lecture pertinente.
Pour ne pas être accusé de condamner sans rien proposer, je suggère à ces commentateurs de revenir aux catégories bibliques, par exemple celles des Béatitudes que propose l’évangéliste Matthieu (5,1-12 : pauvre, humble etc.), ou bien aussi celles que met en avant saint Paul dans ses lettres (charitable, édifiant au sens originel et fort de constructif etc.) : encore bien sûr faudra-t-il faire l’effort préalable de les connaître vraiment !