Bulletin de météo ecclésiale (Jn 14,23-29)

Frères et sœurs, nous connaissions la météo des villes, celle des plages, ou encore le météo marine. On nous propose aussi depuis quelques années la météo politique avec le baromètre des personnalités. Maintenant vous avez droit aussi à la météo ecclésiale : des vents violents secouent l’Église, les nuages s’amoncellent sur les séminaires, les orages s’accumulent sur la Curie. Il faut souhaiter que le pape François ait ouvert une fenêtre de beau temps, mais avec tout cela, je me demande bien quelles sont les prévisions des mois à venir !

Si j’en crois les textes que nous venons d’entendre, le bulletin météo serait plutôt mauvais : les Actes des Apôtres parlent de trouble et de désarroi, l’Apocalypse d’une cité que la gloire de Dieu illumine mais qui paraît bien lointaine, et l’évangile du bouleversement et de la frayeur des disciples. Ce n’est pas seulement la météo du premier siècle que je vous livre, mais aussi celle du XXIe : d’après l’un de mes amis, les séminaires se vident, les facultés de théologie ou les éditeurs religieux ne trouvent plus de public, celui de nos assemblées liturgiques vieillit et j’en passe.

Face à une météo ecclésiale aussi catastrophique, que pouvons-nous faire ? Voyager sous d’autres cieux peut être une solution, mais elle reste provisoire. Sachez quand même qu’aux Philippines où je me suis rendu il y a un mois et demi, l’église du couvent Saint-Dominique de Manille peut accueillir près de 2300 personnes, et elle est pleine ou déborde pour les 12 messes qui y sont dites chaque dimanche ou et jour de fête. Calculez : cela fait plus de 20.000 personnes, avec une moyenne d’âge qui ne doit pas dépasser les 18 ans.

Mais la parole de Jésus aujourd’hui ne nous invite ni au voyage, ni au relativisme, mais à un sain optimisme pour aujourd’hui comme pour demain : il nous dit en effet qu’il est auprès de ses disciples chez qui il vient demeurer, qu’il leur donne sa paix, qu’ils doivent être dans la joie. Et il ne le dit pas seulement pour l’Église des Philippines ou une quelconque autre Église d’il y a deux mille ans, mais de manière générale pour toutes : et donc pour la nôtre aussi, en France, à Lille.

S’agirait-il alors d’un optimisme béat, assimilable à la méthode Coué ? Certainement pas. Lorsque Jésus nous dit « je vous donne la paix, mais je ne vous la donne pas comme le monde vous la donne », il est bien conscient qu’il existe une forme mondaine de la paix, fruit d’un compromis qu’il est toujours possible de remettre en question et qui est donc par essence temporaire et instable, mais il lui oppose une autre paix, celle qu’il donne et qu’il ne reprend pas. Une paix durable (le mot est à la mode) qui peut se recevoir et se vivre dans la tourmente comme dans la tranquillité, dans le conflit come dans l’harmonie, dans le malheur comme dans le bonheur, une paix qui accompagne en fait tous les moments de notre vie. Le secret de cette paix se trouve dans la présence vivante et agissante de l’Esprit-Saint, et sur la certitude que cet Esprit nous donne que Jésus a vaincu la mort, toutes nos morts. Et c’est pourquoi la présence, la venue, le renouveau de cet Esprit en nous et dans l’Église sont si importants : il faut prier sans cesse à cet effet.

Frères et sœurs, pour en revenir à la météo ecclésiale, sachez qu’il en existe deux en fait, chacune sous la mouvance de l’Esprit-Saint. La première est la météo de surface, celle dont j’ai parlé et qui nous affecte, celle qui requiert des initiatives, des engagements, des renoncements aussi : ici, l’Esprit y joue le rôle de guide. Mais il existe aussi une météo des profondeurs, où l’Esprit-Saint joue le rôle de témoin et celle-là est encore plus importante. Son bulletin est toujours le même : Jésus a vaincu la mort, beau fixe !

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