La sainteté de Claire de Castelbajac

Claire de CastelbajacLe 16 octobre dernier, notre couvent dominicain de Lille accueillait le frère Benoît-Dominique de la Soujeole qui venait nous présenter la figure de Claire de Castelbajac (1953-1975). Intitulée « Saints, sinon rien ! Claire de Castelbajac ou l’art du bonheur », cette conférence était la première d’une série portant sur les « Grandes et discrètes figures chrétiennes du XXe siècle ». L’auditoire, d’une soixantaine de personnes, a découvert cette figure gersoise peu connue dans le Nord de la France, sauf du côté de divers mouvements de jeunes, et a réservé de vifs applaudissements au conférencier pour la qualité de son exposé : la conférence est maintenant disponible sur Youtube.

En discutant avec le conférencier après la conférence, celui-ci me confiait : « si j’avais dû commencer, comme c’est traditionnel dans ce genre de sujet, par l’évocation de la vie de Claire, j’aurais été très limité, tant cette vie fut courte et sans relief particulier. Et c’est pourquoi j’ai choisi de parler en priorité de la reconnaissance populaire quasi-immédiate qui a suivi le décès de Claire, et qui n’a jamais cessé depuis, en particulier sous la forme de billets laissés au début sur sa tombe » (celle-ci se trouve aujourd’hui chez les cisterciennes de Boulaur, mais était alors dans le petit cimetière du village de ses parents). Car si sainteté il y a, elle ne résulte pas de faits merveilleux qui auraient parsemé la vie de Claire, ou d’actions éclatantes de sa part, mais de ce « sensus fidei » dont a parlé le conférencier. Si bien que celui-ci a conclu que, selon la formule que lui avait proposée un ami de Claire, cette sainteté est une « sainteté pour les nuls ».

J’aime cette sainteté-là ! Elle me rappelle celle de Thérèse de l’Enfant-Jésus, elle aussi morte très jeune, dans l’infirmerie d’un petit carmel d’une petite ville de France appelée Lisieux : elle est aujourd’hui l’une des saintes les plus connues du monde entier, et la patronne des missions, et je ne cesse de m’en étonner et de m’en réjouir. Il est intéressant de noter que le langage commun parle de « réputation de sainteté », ce qui manifeste bien que la sainteté est d’abord une reconnaissance populaire, même s’il faut une enquête canonique et deux miracles pour qu’elle soit consacrée à Rome. Autrement dit, des saints, il en existe bien d’autres que ceux que l’on trouve sur les autels : et pas seulement des morts, mais encore beaucoup qui sont encore en vie autour de nous, tout proches de nous.

J’écris ce billet un 30 octobre, peu avant la Toussaint, pour moi fête de Claire de Castelbajac et de tant d’autres que je me remémore aujourd’hui, qui ont jalonné ma vie et l’ont marquée par leur foi, dans le bonheur comme dans les épreuves : signes de grâce sur ma route, dons de Dieu pour avancer à la suite de Jésus. Faire mémoire est une dimension essentielle de la foi des chrétiens comme des juifs : si je pense aujourd’hui à ceux qui sont déjà au ciel, à mes parents, à Bernard ou à Elisabeth, qui nous ont quittés cette année, au compositeur Edmond Marc (Barthélemy) chez qui j’ai vécu un an il y plus de quarante ans, à Geneviève, décédée en mettant au monde son quatrième enfant, à Henri le pudique ou Thierry le juste, deux amis chers dont j’ai déjà parlé sur ce blog etc. , j’espère ne pas oublier les vivants, vous mes frères, mes sœurs et mes amis à qui je dois tant. Que le nom du Seigneur soit béni pour chacun de vous !

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