Frères et sœurs, chers amis, avant d’avoir été un film célèbre, Le salaire de la peur fut le roman de Georges Arnaud. Mais je crois pouvoir dire qu’avant d’être ce roman, l’expression décrit très bien l’expérience vécue par plusieurs protagonistes des débuts des livres bibliques.
Souvenez-vous, voici Adam et Ève qui ont désobéissance au commandement de Dieu, lequel va à leur recherche parce qu’ils se cachent ; et Adam de répondre à Dieu : « j’ai eu peur ». Voici Caïn qui tu Abel parce que son sacrifice n’a pas été agréé de Dieu : certes, la peur n’est pas directement évoquée, mais en vérité, Caïn, a peur de Dieu comme de son frère. Et je pourrais continuer. Le voilà le salaire de la peur : fuite, jalousie, meurtre. Faut-il préciser que cette peur avec ses conséquences néfastes n’a pas disparu au fil du temps, que les conséquences sont encore plus nombreuses car la peur de l’autre est plus que jamais présente dans notre monde ?
Mais qu’est-ce qui provoque cette peur ? Certains diront « la différence » en oubliant que, comme en témoignent les couples, celle-ci attire autant qu’elle fait fuir. En fait, l’histoire d’Adam et Ève, la première à nous parler de la peur, nous oriente vers deux autres réponses qui sont liées :
• En premier lieu, les limites qui sont celles de l’homme et qu’il supporte mal : le serpent en profite, « vous serez comme des dieux »… L’homme veut sans cesse outrepasser ses limites, ce qui à certains égards est bénéfique, mais il veut le faire en niant Dieu.
• En deuxième lieu, conséquence et cause, la distance prise vis-à-vis de Dieu et de sa parole, qui offre comme on dit « un boulevard au péché ».
C’est parce que Jérémie a accepté ses limites qu’il remet sa cause à Dieu et supprime cette distance ; du même coup, il n’a pas peur de ses ennemis parce que Dieu combat pour lui. Quand un saint Paul écrit « ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi », vous comprenez que lui aussi accepte ses limites et, en se confiant à Dieu, supprime la distance : lui aussi a balayé la peur, il le dira et le montrera. Et c’est parce que les Apôtres ont une totale foi en Dieu, parce qu’ils reconnaissent qu’un cheveu de leur tête ne tombe sans que Dieu l’ait voulu, qu’ils peuvent avancer sans crainte.
Frères et sœurs, vous avez peut-être été étonnés que Jésus nous invite dans l’évangile à crier sur les toits le secret qu’il murmure à nos oreilles : ce n’est donc plus un secret. Mais il est bon qu’il en soit ainsi, ce secret-là, que les chrétiens apprennent de Dieu et de sa parole, il faut en effet le crier sur les toits : si vous voulez chasser la peur, dont on sait combien elle est mauvaise conseillère, en particulier dans ces temps troublés qui sont les nôtres, approchez-vous au plus près de Dieu. Accueillez en vos cœurs Jésus qui, lorsqu’il s’approche de ses disciples, leur dit : « N’ayez pas peur ». Acceptez vos limites, accueillez sa parole, mettez-là en pratique, confiez-vous à lui.
Car la mesure de notre lien à Dieu, de la confiance que nous mettons en lui et en sa parole, est aussi la mesure de nos peurs et finalement de notre fraternité.
La peur, c’est quand on doute de soi-même c’est vrai : peur de ne pas être à la hauteur de ce que les autres attendent de nous … et pourtant comme vous dites si bien ayons la sagesse, la simplicité d’accepter nos limites et les faire reconnaître
Merci beaucoup pour votre analyse qui permet toujours de voir clair en nous !