Introduction à la Bible

Introduction générale

Le terme Bible provient du terme grec ta biblia, qui veut dire livres, au pluriel. Notons d’emblée que parler de « livres » peut être trompeur si on veut l’entendre à l’exemple des livres d’aujourd’hui : à l’époque de leur rédaction, les livres de la Bible étaient des manuscrits, rédigés par des copistes sur du papier formé à partir de papyrus ; les feuilles étaient attachées pour former un rouleau, ou pliées et cousues par le milieu. On parle alors de codex.

Pour les Juifs, dont les chrétiens eux-mêmes tirent « leur » Bible, le cœur de la foi est la révélation que Dieu fait de lui-même dans ces livres par excellence qui forment la Torah, ou Loi, en particulier les cinq premiers livres de la Bible : cette Bible juive est constituée de trois grands ensembles, à savoir ceux qui concernent la loi, les livres historiques, les livres des prophètes et les autres écrits [1].

Cette Bible est écrite pour l’essentiel en hébreu, pour une petite part en araméen, langue commune à partir du Ve siècle av. J. C., dans quelques textes plus tardifs. L’écriture est alors strictement consonantique, autrement dit sans voyelles : celles-ci seront ajoutées entre le VIe et le VIIIe siècle de notre ère, au prix d’une interprétation toujours discutable bien sûr, par les « Massorètes », d’un terme qui veut dire tradition. Mais revenons au IIIe siècle environ avant l’ère chrétienne : à Alexandrie, cette bible juive est traduite en grec ; on l’appelle Septante, et son contenu est plus large et parfois différent de celui de la Bible hébraïque.

Pour les Chrétiens, il faut distinguer l’Ancien Testament et le Nouveau Testament qui, ensemble, forment le « canon biblique ».

L’Ancien comprend les livres reconnus par les Juifs, auxquels les traditions catholique et orthodoxe ajoutent quelques livres ou parties de livres directement écrits en grec, que l’on désigne parfois sous le terme Deutérocanoniques.
Le Nouveau comprend la révélation chrétienne proprement dite, donnée par Jésus ou ses disciples.

Au final, de combien de livres dispose-t-on ?

Pour la bible hébraïque, 39 livres ainsi répartis :

Torah : 5 livres (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome) que les chrétiens nomment « Pentateuque », les cinq (penta) livres de « l’étui » (teuchos).
Livres historiques ou « prophètes antérieurs » : 6 livres (Josué, Juges, I et II Samuel, I et II Rois)
Livres prophétiques ou « prophètes postérieurs » : 15 livres (Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie)
Autres écrits : 13 livres (Psaumes, Proverbes, Job, Cantique des Cantiques, Ruth, Lamentations, Ecclésiaste, Esther, Daniel, Esdras, Néhémie, I et II Chroniques).
Pour la bible grecque des Septante, il faut ajouter :

Esther (assez différent de la version hébraïque), Tobit, Judith, I et II Maccabées
Sagesse de Salomon, Siracide
Baruch, Daniel (assez différent de la version hébraïque)
Enfin, pour la bible chrétienne, il faut ajouter 27 livres :

Les quatre évangiles (Matthieu, Marc, Luc et Jean)
Les Actes des Apôtres
Les 13 lettres attribuées à Paul (Romains, I et II Corinthiens, Galates, Philippiens, Éphésiens, Colossiens, I et II Thessaloniciens, I et II Timothée, Tite, Philémon) plus la lettre aux Hébreux
Les 7 épîtres « catholiques » (Jacques, I et II Pierre, I, II et III Jean, Jude)
L’Apocalypse

[1] Dans sa préface, le livre du Siracide (fils de Sira), encore appelé Ecclésiastique, évoque « les livres de la loi et des prophètes, et les autres écrits »

Présentation littéraire

La somme de livres qui constitue la Bible ne peut prétendre bien sûr à l’unicité de genres ou d’auteurs : certes, comme le reconnaît le concile Vatican II, tous ces livres ont « Dieu pour auteur » ultime, mais leur transmission s’est faite par des hommes ou des communautés avec leur histoire, leurs traditions, leur manière de s’exprimer.

C’est pourquoi un énorme travail d’analyse littéraire est un préalable indispensable pour tenter de résoudre des questions telles que le genre, l’auteur, la date. Travail d’autant plus difficile parfois qu’un livre unique peut être le fruit d’une compilation d’œuvres diverses provenant de plusieurs auteurs : ainsi du livre d’Isaïe qui, à partir du chapitre 40, fait référence à des personnes ou des faits qui n’ont plus rien à voir avec ceux dont il était questions dans les 39 premiers chapitres.

La présentation qui va suivre ne prétend donc aucunement à être exhaustive, mais à donner quelques orientations qui font généralement consensus sur le plan des genres, des auteurs, de la chronologie.

Les genres littéraires

Par « genre littéraire », on entend une forme littéraire standard et donc reproductible. Pourquoi se préoccuper des genres littéraires ? Parce qu’une encyclique papale, Divino Afflante Spiritu, y fait référence ? Non, la question est posée à l’envers : si cette encyclique y fait référence, c’est parce que la distinction des genres littéraires est cruciale pour l’interprétation. De toute évidence, on ne lit et ne comprend pas une lettre de Paul de la même manière que l’épopée du Seigneur des Anneaux, une fable de La Fontaine ou un article de journal…

La difficulté est que les genres ne sont pas aussi définis que certains commentateurs le disent ou le souhaitent, et qu’en outre, un même écrit peut être composé de parties narratives de genres différents. Le lecteur comprend donc qu’il est impossible d’entrer dans le détail, que chaque écrit ou partie d’écrit doit être étudié pour lui-même, en comparaison avec d’autres ; ce qui va suivre met en valeur quelques genres parmi les principaux .

  • Le mythe: Cette désignation paraît à beaucoup ambigüe, dans la mesure où elle semble mettre en cause la qualité historique. Il s’agit en fait d’une interprétation symbolique qui, comme telle, touche à plusieurs réalités sensibles du monde, les met en scène en vue d’une interprétation donnée. On parle souvent de mythe à propos des deux récits de création dans le livre de la Genèse (1,1-2,4a et 2,4b-3,24).
  • L’épopée, ou bien le cycle: Avec ce genre, on se rapprocherait de la dimension historique. Il s’agit ici de privilégier l’histoire d’un héros autour duquel s’organise le récit, et le héros en question a normalement un pied dans l’histoire. On peut évoquer l’épopée de Jacob ou celle de Joseph.
  • L’oracle prophétique est une proclamation, souvent accompagnée d’un geste spécifique, par laquelle le prophète transmet le message qu’il a reçu de Dieu.
  • Le proverbe, évidemment représenté assez extensivement dans le livre des Proverbes, mais qui figure aussi ailleurs, est une formule de sagesse, souvent longuement élaborée. Le genre se retrouve largement dans l’Orient ancien.
  • L’évangile: le terme, tiré du grec, veut dire « bonne nouvelle », et il est celui par lequel Marc par exemple définit son écrit (1,1). Il désigne le récit des paroles et gestes de Jésus, compilés dans une multitude d’épisodes.
  • La lettre: Depuis les temps les plus reculés, on communique par lettre, laquelle peut être rédigée sur un tesson d’argile : elle est donc souvent très brève, avec mention d’un expéditeur, d’un destinataire, d’une demande et d’une salutation. Dans le Nouveau Testament, la lettre, beaucoup plus développée, tient une place de choix grâce à saint Paul, mais aussi saint Jean, saint Pierre ; en revanche, on le reverra, la lettre aux Hébreux tient plutôt du sermon que de la lettre.
  • L’apocalypse: Ce genre littéraire se signale généralement par une dimension cryptique, à laquelle les phénomènes climatiques, sonores ou autres collaborent. Mais l’écrit est toujours en lien avec une situation historique dont il s’efforce de déterminer le développement. L’Apocalypse de saint Jean n’est pas la seule représentante du genre, dont on trouve plusieurs traces dans l’Ancien Testament, mais certainement le plus représentatif et le plus développé.

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