Depuis la fin du XIXe siècle, en particulier dans l’exégèse réformée allemande, plusieurs écrits du Nouveau Testament ont été rangés dans la catégorie « pseudépigraphie », autrement dit écrit par un autre auteur que celui auquel ils étaient traditionnellement attribués. Ce jugement pseudépigraphique, incontestable dans l’Ancien Testament, par exemple pour le livre de Job ou pour l’ensemble du livre d’Isaïe, a fini par devenir très commun pour plusieurs écrits du Nouveau Testament, et ceci quelle que soit la confession du commentateur : il est donc courant aujourd’hui de parler des sept lettres authentiques de Paul et non plus de treize. Mais les lettres de Paul ne sont pas seules à avoir fait l’objet de cette « réévaluation » : les lettres de Pierre, celles de Jean, et d’autres écrits soulèvent aujourd’hui bien des suspicions.
La critique prend bien soin d’affirmer que cette remise en cause ne touche pas le fond des écrits, que ceux-ci restent d’incontestables témoins de la foi primitive. Il n’en reste pas moins, pour prendre un exemple, que les lettres prétendument non authentiques de Paul sont souvent reléguées à l’arrière-cour des commentaires, et qu’une bonne théologie de Paul est censée n’en tenir aucun compte : or, ces lettres ont une dimension ecclésiologique et cosmologique prégnante qui peut infléchir considérablement l’idée que l’on se fait de l’église primitive, de son organisation.
La discussion demanderait de longues pages, telles que celles que j’ai déjà écrites à ce sujet et que l’on peut trouver sur le blog, mais s’il fallait résumer en quelques mots, je dirais :
- Difficile le plus souvent de trouver un meilleur auteur que l’auteur traditionnel. D’ailleurs les tenants de la pseudépigraphie se gardent bien le plus souvent de proposer une « solution de rechange ».
- Difficile d’argumenter à partir de statistiques portant sur le style ou le vocabulaire, dans la mesure où le corpus est très réduit.
- Difficile enfin de croire qu’en si peu d’années, sur des textes dont on veillait à garder la saveur originale (2 Th 2,2), des « pseudépigraphes » soient nés et aient été acceptés.