Samedi 24 août, fête de saint Barthélemy que l’on assimile à Nathanaël, et donc évangile de saint Jean (1,45-51) sur l’appel de Nathanaël par Jésus, via la médiation de Philippe. Généralement, on s’interroge sur la phrase quelque peu énigmatique « quand tu étais sous le figuier ». Mais comme c’est aussi le titre d’un livre récent du frère Adrien Candiard (Quand tu étais sous le figuier, Paris, Cerf, 2017), je choisis la facilité et me précipite pour lire ce qu’il en dit…
Pratiquement rien, du moins au début du livre. Il s’intéresse au rôle d’ouvreur et de passeur joué par Philippe à l’égard de Nathanaël, et finalement à tous les passeurs. L’orientation est très originale et c’est fort bien dit. En voici quelques lignes que j’ai fait miennes dans la prédication :
« La vocation de Philippe est simple comme la vocation d’un autre. Nous ne savons rien de ses combats intérieurs, de ses doutes, de ses tentations, et nous n’avons rien à en savoir. Il n’est là que pour ouvrir la route et permettre à Nathanaël de s’interroger sur lui-même.
Aucune de nos vocations n’a été la première. Il a fallu d’autres vocations, des vocations préalables, pour la produire. Ce n’est pas un petit paradoxe : si la vocation est la chose la plus personnelle qui soit, une affaire entre le Christ et nous, il faut toujours qu’elle implique d’autres personnes. Le Christ est comme ces gens toujours entourés d’amis qui ne peuvent pas venir chez vous sans amener avec eux toute une petite foule.
Il a fallu des Philippe pour nous transmettre la foi, il a fallu des Philippe pour nous la conserver à l’adolescence ou la renforcer au début de l’âge adulte, il a fallu des Philippe pour nous encourager, il a fallu des Philippe pour nous montrer où était notre vocation personnelle. Il y a l’appel du Christ, bien sûr, et c’est lui qui est décisif ; mais il a fallu des Philippe pour organiser la rencontre et nous faire entendre cet appel.
Une vie chrétienne peut être solitaire, mais elle ne peut pas être tout à fait isolée : Dieu veut que notre face-à-face, notre cœur-à-cœur avec lui soit toujours un peu surpeuplé« .
Il est tellement vrai, et tellement facile d’oublier, que si nous sommes là où nous sommes, en particulier dans le chemin de foi, dans notre montée vers le Christ, c’est grâce à des ouvreurs, qui ont pu se faire passeurs, puis d’autres ouvreurs/passeurs, et d’autres encore. Leur avons-nous déjà rendu grâces, au moins dans la prière ?
Il n’est pas trop tard pour le faire. A titre personnel, je voudrais donc rendre grâces à tous ces ouvreurs/passeurs que furent d’abord mes parents et ma famille, les oratoriens chez lesquels j’ai passé tant d’années, ce compositeur de musique classique, Edmond Marc, totalement méconnu qui m’a accueilli dans son appartement pendant mes études, ces amis des Semaines Pascales des grandes Ecoles, l’aumônier d’HEC, un jésuite, Yves Thépot, mes frères dominicains, ou encore aujourd’hui toutes ces familles d’enfants différents avec qui je suis en contact… Et Gaspard bien sûr, dont j’ai parlé tant de fois sur ce blog ! La liste est longue et j’en oublie beaucoup.
Et vous, n’en avez-vous pas connu plusieurs de ces ouvreurs/passeurs qui vous ont conduits vers le Christ, et à qui vous pourriez rendre grâces ?
Je commence à lire vos écrits mais ils m’intéressent énormément. Merci de nous les partager.