Le temps passant, l’absence de célébration eucharistique chez les fidèles en raison du confinement provoque de plus en plus d’exaspérations. Qui s’expriment publiquement et prennent à partie les pouvoir publics qui contribueraient volontairement à cette absence.
Je doute de ce dernier point, peut-être par naïveté, mais je ne vais pas m’arrêter à cela. En revanche, je comprends la peine des fidèles : elle montre combien l’eucharistie représente pour eux un sacrement important, au cœur de leur foi chrétienne. Et elle l’est vraiment, et ils souffrent logiquement et spirituellement de son absence.
En même temps, je m’étonne quand je pense qu’il y a quelques mois nous évoquions l’Amazonie où, comme dans de multiples lieux, cette eucharistie n’est célébrée qu’exceptionnellement dans l’année : l’aurait-on oublié ? Sans parler des milliers ou millions de chrétiens emprisonnés de par le monde pour leur foi et qui, eux, n’ont jamais la chance d’y participer.
Je sais, c’est un prêtre qui parle, vivant en communauté, qui a de ce fait cette possibilité de célébrer l’eucharistie : mais je ne suis pas plus heureux de le faire en l’absence de fidèles, et de constater la souffrance de ces derniers. Il manque là aussi un élément constitutif de cette eucharistie, et de ce qui fait sa force.
Faut-il alors « crier au loup » ? Je m’y refuse, je pense à tous ceux que je viens d’évoquer, d’Amazonie et d’ailleurs, je me dis que nous vivons une forme de communion dans la contrainte ou l’absence, Et je prie pour eux tous et avec eux tous lorsque je célèbre l’eucharistie, pas seulement avec et pour ceux qui sont confinés.