Réconfort ou consolation

Frères et sœurs, le début de la deuxième lettre aux Corinthiens, en son verset 4, utilise un nom et un verbe grec que les traducteurs rendent de deux manières : réconfort et réconforter pour les uns, dont la traduction liturgique que nous venons d’entendre, consolation et consoler pour d’autres, dont la TOB et la BJ.

J’avoue être sensible à la traduction « consolation », pour deux raisons : elle fait écho à un livre et de nombreuses conférences émouvantes et riches d’Anne-Dauphine Julliand, dont je vous dirai un mot dans un instant, et elle renvoie à ce fameux passage du prophète Isaïe, « consolez, consolez mon peuple ». Mais est-il nécessaire de trancher ? Il me semble que la consolation est aussi un réconfort ou, inversement, que le réconfort vise à la consolation.

Je vais garder le mot consolation. Paul estime donc que la consolation, pour être vraie et féconde, doit être accueillie et vécue comme un don de Dieu, reçu à la suite de quelque souffrance personnelle. Le Christ en ayant vécu lui-même au plus haut point, la souffrance que nous accueillons dans la foi nous conforme à lui et vient la consolation. C’est alors, dans un deuxième temps que cette consolation peut être partagée à d’autres en vérité.

Trop souvent, face à une souffrance tierce qui nous peine et nous « dérange », nous sommes tentés de « bavarder ». Ce qui est souvent superflu, voire maladroit. Je reviens à Anne-Dauphine Julliand et à l’expérience qu’elle évoque, dans son dernier livre comme dans ses conférences publiques sur le thème de la consolation. A un moment très difficile et angoissant de sa vie, alors qu’après la perte de sa première fille Thaïs, la deuxième, Azylis, connaissait à son tour un moment très délicat à l’hôpital, une infirmière est venue simplement s’assoir à côté d’elle, sans rien dire, après lui en avoir simplement demandé la permission. Et Anne-Dauphine assure que son angoisse s’est évanouie du fait de cette présence muette qu’elle donne en exemple.

En fait, dans ces situations-là comme dans d’autres, la parole est d’argent, mais le silence est d’or. La consolation naît de la présence, celle de Jésus à nos côtés, la nôtre auprès des affligés qui nous entourent, et cette présence est alors plus importante que les mots.

Textes commentés : 2 Co 1,1-7 et Mt 5,1-12

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