La Bible ne serait-elle pas un trop gros pavé ?

Ce mercredi 20 septembre, j’assurais la prédication sur 1 Timothée 3,14-16 et Luc 7,31-35. Et je disais en particulier ceci :

« Que fait donc Paul vis-à-vis de Timothée et de sa communauté pendant son absence ? Il leur laisse une confession de foi qui devrait suffire à les faire vivre.
Aujourd’hui, nous avons bien plus, une Bible, des évangiles, des lettres, l’Ancien Testament sur qui tout repose, et bien d’autres écrits. Cela suffit-il à nous faire vivre ? Je doute que nous ayons conscience de notre richesse. Comme si c’était presque trop ! Alors, nous nous nourrissons de quelques bribes, entendues le plus souvent au cours de la messe. Bien sûr, c’est important, et il ne faut pas le dédaigner, mais quelles richesses nous laissons de côté ! Nous devrions baigner dans la parole de Dieu ?
« 

Bible

Après coup, voilà qu’une pensée subversive me vient à l’esprit : la Bible n’est-elle pas en effet un ouvrage trop imposant pour le commun des mortels ? Qui peut se donner le temps de lire un pavé pareil, d’ailleurs souvent indigeste ou contradictoire ? Et je me dis que ce fut peut-être la chance de saint Dominique de ne disposer habituellement dans ses pérégrinations, si l’on en croit sa biographie, que du seul évangile de Matthieu et des Actes des Apôtres. Même s’il apparaît très probable qu’au cours de sa formation à Palencia et Osma, il a pris connaissance sinon de la totalité du reste, au moins d’une bonne partie, ne serait-ce que les psaumes, avec un « par cœur » qui devait être alors la règle.

S’il est vrai que nous avons trop à proposer, en particulier aux nouveaux-venus dans la foi, allons-nous en rabattre, écarter par exemple l’Ancien Testament comme le proposait Marcion à la charnière du premier et du deuxième siècle ? Certes non, pour parler comme saint Paul : Marcion a d’ailleurs été condamné pour hérésie. Aux jeunes candidats à la vie religieuse, on propose généralement au cours de leur première année une lecture priante (lectio divina) de l’ensemble de la Bible. Et ils en ont normalement le temps et en font leur profit. Mais ne devrions-nous pas penser à tous les autres, laïcs, beaucoup plus nombreux et disposant aussi de beaucoup moins de temps du fait de leur vie familiale ou professionnelle ?

Bien sûr, beaucoup d’aides, de commentaires, de vidéos, sont aujourd’hui disponibles en ligne pour favoriser « l’entrée en Bible » des nouveaux-venus. On pourrait envisager, dans une première étape, d’axer leur apprentissage sur un nombre restreint d’écrits, dont seraient mises en valeur les nombreuses références et interactions avec le reste des textes bibliques. Par exemple les psaumes, un évangile, une lettre de Paul ou de Jean, le tout situé dans le temps grâce aux Actes des Apôtres. Bien sûr un choix différent, peut-être plus éclectique, peut apparaître souhaitable.

Je me demande donc, encore que cela existe peut-être déjà en tel ou tel lieu, si, pour les débutants, un bon enracinement sur une partie déterminée de la Bible n’est pas plus gérable et profitable qu’une visée superficielle de l’ensemble. Qui viendrait plus tard.

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