Sur Ml 3,1-4 ; Lc 2,22-40
Frères et sœurs, comme c’est souvent le cas, la parole évangélique nous confronte aujourd’hui à un événement qui paraît dérisoire, un peu comme celui de l’entrée de Jésus à Jérusalem sur un ânon, un événement derrière lequel pourtant Dieu se cache : la présentation de Jésus au Temple.
Dans la première lecture, il est question d’un messager face auquel nul ne pourra rester debout, pareil au feu du fondeur. Et dans l’évangile, on nous parle d’une lumière pour éclairer les nations et de la gloire d’Israël. Fort bien, mais quel contraste avec une scène dont les apparences sont très différentes : dans le Temple aujourd’hui, ne se trouvent rien qu’un bébé, ses parents, et deux vieillards, des gens que l’on tient souvent à l’écart. Il n’y a là rien qui puisse attirer l’attention.
J’ai parlé volontairement d’apparence, dont chacun sait qu’elles sont trompeuses. Non pas que les acteurs soient autres que ce qu’ils sont, des héros, des Rambos ou des Barbarellas qui se dissimuleraient : ce sont en vérité des gens simples, non pas des pauvres gens que les médias affectionnent, mais des gens pauvres qui ne reçoivent souvent aucune considération ; la preuve en est que les parents de Jésus ne peuvent offrir qu’un couple de tourterelles.
Seulement, voilà, au milieu d’eux se trouve la lumière du Christ, et cela change tout. Dès lors, bien sûr par la volonté de l’évangéliste Luc qui braque le projecteur sur eux, la scène et plus encore ses acteurs prennent une profondeur nouvelle. Il semble n’y avoir plus qu’eux dans le Temple. On comprend qu’ils sont là parce qu’ils ont tous confié leur vie au Seigneur : Marie a dit oui au Seigneur, Joseph a dit oui lui aussi ; Syméon a fait confiance à l’Esprit qui lui a dit qu’il ne verrait pas la mort sans avoir vu le Messie, et qui lui dit encore aujourd’hui que ce Messie est là devant lui ; Anne a dit oui à Dieu en choisissant de rester auprès de lui dans le Temple.
Ce qui les rassemble, comme ce qui nous rassemble aujourd’hui, c’est un même oui à Dieu prononcé dans le fond du cœur quelle que soit la condition humaine, mais à la lumière de Jésus. Ils n’ont pas changé au moins en apparence, mais le Christ les a illuminés. Ils ne sont pas devenus des grands, ils sont restés des gens pauvres, acteurs d’une scène apparemment dérisoire, mais ils se sont résolument confiés au Seigneur, au seul qui soit grand. Et ils reçoivent de lui leur grandeur et leur lumière.
Frères et sœurs, la scène n’est ni dérisoire, ni pathétique, elle est seulement vraie ! C’est une scène de tous les jours, avec des gens simples et pauvres : mais lorsqu’elle est vue à la lumière du Christ, lorsque les acteurs sont vus à cette même lumière, alors, elle montre autre chose que ce que l’on en voit au premier coup d’œil. Que cette lumière, qui seule permet de dépasser les apparences et de lire au fond des cœurs, vienne habiter notre monde, les événements, les acteurs que nous sommes.