Une famille représentative de la diversité

A propos de la parabole du fils prodigue ou du père miséricordieux (Luc 15,1-3.11-32)

Öèôðîâàÿ ðåïðîäóêöèÿ íàõîäèòñÿ â èíòåðíåò-ìóçåå Gallerix.ruMes frères, chers amis, nous venons d’entendre une parabole très connue, et qui continue, au moins à mes yeux, d’être très émouvante. On peut trouver des tas de raisons à cela, mais je voudrais en singulariser une : il me semble que nous pouvons nous identifier à chacun des acteurs de la parabole. Et ce n’est pas toujours le cas dans les paraboles.

Prenez le fils prodigue. Là, c’est le plus facile : au long d’une vie, religieuse ou autre, les occasions ne manquent pas de penser un ailleurs toujours bien plus agréable que celui que nous connaissons, de vouloir s’y rendre, et parfois même de le faire. Au moins en imagination. Avant que, le temps passant, nous ne nous rendions compte que les oignons d’Égypte ne valent finalement pas les sources du désert, surtout si c’est le Seigneur qui les fait couler.

Prenez le père. Je sais que, dans l’interprétation courante, il représente Dieu le Père, et que je vous propose une identification osée. Mais ne nous est-il pas possible pourtant de nous imaginer aussi miséricordieux que lui, accueillant tout le monde dans le vaste sein de notre charité, y compris les personnes les plus éloignées de nous, ou les plus perdues, du moins à notre regard ?

Prenez encore le fils aîné. Bien sûr, il a mauvaise presse dans la parabole, et l’identification devient plus rébarbative. Mais quand même, ne nous est-il jamais arrivé de jalouser l’un de nos frères, de trouver que l’on en faisait trop pour lui et pas assez pour nous ? Et que nous n’avons pas été assez remercié du travail que l’on faisait pour notre famille, notre communauté, notre maison, surtout dans l’ombre ?

Mais me direz-vous, que pouvons-nous conclure d’une telle identification, nous apporte-t-elle quelque enseignement utile ? À mon sens, deux choses très simples :

  1. La première est qu’en tant que chrétiens, nous formons une unique famille, avec des caractères, des histoires et des activités diverses. Il n’est certes pas facile d’accepter cette diversité, mais elle nous constitue personnellement, tout comme elle constitue la famille, et son rayonnement : plutôt que de nous en plaindre, sachons en rendre grâce jusqu’à tuer le veau gras pour nous en réjouir.
  2. Dans cette même ligne, et c’est le deuxième enseignement, peut-être sommes-nous, tout en étant un peu tout comme je le disais, un peu plus père, un peu plus aîné, un peu plus prodigue. Ne cherchons pas à nous mettre en avant, bien plutôt cherchons à mettre en valeur ce que sont les autres qui viennent compléter ce que nous sommes.

En vous disant cela, je pense à la fameuse icône dite de la Trinité de Roublev, dans laquelle chacun des trois personnages renvoie discrètement aux autres : rien de tel pour faciliter la communion et faire de la Trinité une unité, et de nos communautés une famille.

Le père de la parabole n’avait que deux fils : on tremble en pensant qu’il aurait pu en avoir plus, encore que cela aurait fait beaucoup d’histoires à raconter. Mais notre Père du ciel en a lui bien plus de deux, avec leurs histoires qui sont déjà là : demandons-lui de nous aider à former une vraie famille, dans laquelle chacun est accueilli pour ce qu’il est.

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