L’étrange étranger

immigre« J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu » (Mt 25,35-36).

  • Oui, Seigneur Jésus, je sais bien ce que tu me demandes là, mais il me semble que je le fais déjà : je m’occupe de mon conjoint, de ma famille, de tous ceux qui me sont proches. Et en plus, je n’oublie pas les étrangers à mon clan, je verse à la quête pour le Secours catholique et donne un coup de main aux Restos du cœur.
  • Très bien, cher ami, bon et fidèle serviteur, mais que fais-tu de l’étranger plus lointain et qui s’approche de toi, de ce migrant qui vient marcher sur tes terres ?
  • Seigneur, celui-là est tout différent. C’est un étranger vraiment très étrange : il parle à peine ma langue, il ne sait pas ce qu’est notre sainte République, et surtout il ne partage pas ma foi en toi, cette foi dont tu sais combien elle peut être un ciment familial et communautaire.
  • Ami, tu sais combien j’ai aimé les hommes… en les invitant à retourner complètement leur manière mondaine de voir les personnes et les événements : cela a commencé avec les Béatitudes au tout début de ma vie et s’est accompli sur la croix, à la fin de ma vie. Sans ce retournement, ma vie est incompréhensible et votre vie toujours plus difficile.
    Tiens, souviens-toi de cette parabole du Samaritain, un étranger à mon époque dois-je te le rappeler. Je te passe le début que tu pourras relire dans l’évangile de Luc au chapitre 10 pour en arriver à la question que j’ai posée à ce légiste qui m’interrogeait : « Lequel s’est montré le prochain de l’homme tombé aux mains des brigands ? » Le légiste m’a justement répondu : « Celui-là qui a exercé la miséricorde envers lui » (Lc 10,35-36), autrement dit le Samaritain.
    Tu as bien entendu ma question : non pas est le prochain, mais s’est montré le prochain. Si tu ne comprends pas cela, alors tu auras bien du mal à comprendre aussi qu’à mes yeux comme à ceux de mon Père des cieux, nul n’est étranger en soi, nul n’est si étrange que tu ne puisses t’approcher de lui : il ne l’est qu’autant que tu le considères comme tel.
  • Seigneur, un tel retournement n’est pas facile, il sera sans doute mal compris, il va m’attirer des ennuis, et je risque d’y laisser ma vie !
  • Je sais, j’y ai laissé la mienne.

« Va, et toi aussi, fais de même. » (Lc 10,37)

Billet paru sur le site Avent dans la ville, dans la rubrique Solidarité Migrants

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