Ce matin, dans mon courrier électronique, un ami me relaie l’information selon laquelle les bulletins météo de TF1 ne mentionnent plus les saints du jour que par leur prénom, sans le qualificatif « saint ». Et le courriel retransmis ironise : « Vous reprendrez bien un morceau de ce délicieux Nectaire avec un verre d’Émilion 2007, avant de prendre la route pour Nazaire ». Pour autant que l’information soit juste, elle ne me surprend pas ni, hélas ! pour les sentiments de mon ami, ne me choque…
S’il est évident que les sociétés occidentales, et au premier chef la société française, doivent beaucoup à leur patrimoine chrétien, s’il est stupide et peu éducatif de le nier ou de s’en cacher, au risque de perdre pas mal de repères, il est non moins clair que la réalité d’aujourd’hui est très différente, et que nos concitoyens ont depuis longtemps oublié leurs racines chrétiennes : il suffit par exemple de prendre en compte les prénoms donnés aux enfants. On peut le regretter, estimer qu’il s’agit là d’une grande perte, faire un travail de conservation, mais faut-il en réponse s’accrocher, faire du « rétropédalage », défendre des « privilèges » qui appartiennent à une société disparue ? Il ne m’a jamais semblé que regarder en arrière permettait d’avancer.
Ce qui est nécessaire, comme plusieurs papes l’évoquent depuis de nombreuses années, c’est une nouvelle évangélisation. Pour celle-ci, il ne faut absolument pas que les chrétiens fassent table rase du passé, mais qu’ils acceptent néanmoins de ne plus représenter qu’une minorité, sans privilège aucun, et qu’ils misent sur le temps, le temps de Dieu et non le leur. Celui qui est à venir, non celui qui est passé. C’est cette évangélisation qui produira du fruit chez leurs concitoyens, et un fruit qui demeure, non pas une dénonciation qui vise aujourd’hui l’abandon d’usages vénérables et qui font sens : après tout, les chrétiens d’Occident ne sont pas empêchés eux de rester fidèles à ces usages.
Aujourd’hui, nos frères chrétiens d’Orient font face à des attaques extrêmement violentes, qui ne les touchent pas qu’eux sans doute, mais dont ils sont quand même souvent des victimes désignées : le carnage de Lahore vient encore de le montrer. Ils sont poussés à quitter leurs maisons, leurs pays et leurs biens, à oublier ou trahir leur foi… Les chrétiens d’Occident ne paient pas le même tribut, et aucune vindicte officielle ne les désigne, c’est vrai : pourtant eux aussi, de manière plus insidieuse, sont poussés à oublier leur héritage et leur foi. Pour les uns et les autres, au risque de devenir statues de sel, il est vain de regarder en arrière, il faut repartir sur la route avec Abraham, développer un nouveau patrimoine chrétien, avec pour tout bagage la foi en la parole de Dieu : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t’indiquerai. Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom ; sois une bénédiction ! Je bénirai ceux qui te béniront, je réprouverai ceux qui te maudiront. Par toi se béniront tous les clans de la terre » (Genèse 12,1-2).
Ce qui me gêne, et même m’agace, c’est que nos médias, et particulièrement T.F.1. ne mentionnent plus l’ouverture du carême le jour du mercredi des cendres, et je le leur ai fait un courriel à ce sujet cette année, resté bien sûr sans réponse, mais qu’ils n’omettent jamais de nous entretenir du ramadan à plusieurs reprises pendant sa durée. Je ne fais pas de polémique, mais tout de même je trouve qu’ils craquent le sac, et je ne puis m’empêcher de penser qu’il y a là quelque-chose de tout à fait anormal.
Vive la laïcisation !
Pour le coup, Madame, ce n’est pas ce que j’ai écrit.. Mais vous pouvez en faire cette lecture ! Ou donner votre opinion, en totale opposition à mon point de vue, à moins que votre propos ne soit ironique.
Lors d’événements majeurs le jour de Pâques, un journaliste belge a dit à la télévision française – chaîne de grande écoute- : « Le jour de la Résurrection du Christ, … », avant de continuer sa phrase sur les drames en cours. Cela n’avait pas l’air de faire un pli pour lui. J’en ai été surprise.
Tout cela me rappelle aussi un combat mené dans un village : le maire voulait transformer l’église très peu utilisée en gymnase; il a sauté à cause de ça, et ce ne sont pas du tout uniquement des chrétiens qui ont élu un autre maire (ils sont une infime minorité), mais des gens de tous bords, dont d’anciens communistes, très attachés à leur histoire locale. Toucher à leur clocher, c’était toucher à leur identité culturelle. A cette période, un mouvement de réfection de tombes au cimetière du village s’est également opéré.
Une dernière histoire : accompagnant une étrangère pour la visite d’une cathédrale, je m’aperçois qu’elle est envahie d’émotion. Je lui demande pourquoi. Sa réponse fuse : « il y a une célébration, c’est tellement magnifique de voir des personnes prier, je n’avais pas vu cela depuis mon enfance. »
Pour développer un nouveau patrimoine chrétien, ce à quoi invite votre post, n’est-il pas important de rebâtir la maison sur d’autres bases que celles qui ont conduit à la désaffection progressive de nos églises ? La présence bienveillante aux interrogations du monde, l’attention aux petits et la prière en seraient-ils des clefs parmi d’autres ?
Lecture d’un fait sociétal évident. « L’espace » réservé sur chaines publiques à forte audience , ne mentionne + les restes de nos racines judeo-chrétiennes, pr effacer de la mémoire collective, nos références… Vivre sans Dieu, dans l’indifférence programmée…
Les psaumes, Jérémie … en parlent: » Ils m’ont abandonné…! »
De l’inculturation, en somme, hélas.
Oui, mais n’est-ce pas la réponse à un autre fait sociétal évident qui est le nombre de plus en plus réduit de ceux qui se déclarent chrétiens ? Je ne m’en satisfais pas, je ne prône pas une « inculturation oublieuse », mais il me semble que la bonne manière de réagir ne consiste pas à vouloir désespérément s’accrocher à un passé qui ne reviendra pas, mais plutôt à (re)bâtir un présent et plus encore un avenir, parce qu’il faudra du temps, dans lequel l’héritage chrétien retrouvera toute sa place. Voilà pourquoi je reprends le thème de la « nouvelle évangélisation », et invite à regarder vers l’avant plutôt que vers l’arrière.
Complètement OK ! Ce n’était qu’un constat… D’ailleurs comme en maths : » qui n’avance pas, recule »