L’espérance, le grand bénéfice de l’Ascension

Frères et sœurs, l’Ascension est un événement qu’à l’exception de la finale de l’évangile de Marc, Luc est seul à évoquer : il ne le fait pas seulement dans l’évangile, mais aussi dans les Actes où se trouve évoquée une période de quarante jours. Chiffre symbolique s’il en est, qui délimite le temps des apparitions : inutile donc d’en attendre d’autres et de se tourner vers le ciel, tout se passe maintenant sur la terre. L’adresse des anges aux disciples s’adresse aussi à nous : « Pourquoi rester là à regarder vers le ciel ? »

Baisser les yeux sur terre, oui, mais ce n’est pas si facile. Pour les disciples, l’Ascension signe une forme de perte. Ils auraient sans doute bien voulu, comme Marie-Madeleine lors de l’apparition au jardin de Gethsémani, s’accrocher aux basques de Jésus, le retenir. Mais non, ce n’est plus possible, les quarante jours sont passés : Jésus est du ciel, il n’est plus de la terre. Du moins sous la forme connue jusque-là. Et les disciples craignent de se retrouver un peu seuls.

Pour les rassurer, Jésus va donc souligner les bénéfices de son départ. Il en évoque trois, mais le dernier est à mes yeux le plus important. Le premier bénéfice, évident, est que la présence de Jésus ne se limitera plus à un endroit de notre terre, mais va couvrir la terre tout entière : « il a franchi le rideau du sanctuaire (…) il est établi sur la maison de Dieu » nous dit l’auteur de la lettre aux Hébreux. Jésus s’affirme ainsi comme le sauveur universel. Où que nous soyons, qui que nous soyons, Jésus est là avec nous et pour nous.

Le deuxième bénéfice est donc l’envoi du Saint-Esprit. Jésus le présente à ses disciples simplement comme une force : mais il ne s’agit pas de n’importe quelle force, mais bien de SON esprit, qui l’a accompagné tout au long de sa vie. Une vie dont en quelque sorte les disciples vont donc maintenant hériter. Avec l’Esprit, et pour reprendre, des mots appartenant à saint Paul, « ce n’est plus eux qui vivent, mais le Christ lui-même qui vit en eux ».

Et voici le troisième bénéfice donné à chacun : grâce à cette « puissance venue d’en haut », les disciples ne sont plus seulement des compagnons de Jésus, mais ses témoins, un terme que Luc emploiera à plusieurs reprises dans les Actes pour dire le nouveau rôle des apôtres. Ils vont devoir annoncer Jésus à toutes les nations. Mais comment cela ? En évoquant ses actes, son amour des hommes et de son Père, la force de sa parole ? Tout cela sans doute, mais la deuxième lecture attire notre attention sur une thématique que je crois plus que nécessaire à notre temps : « Continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis ».

petite fille espérance

Ah ! l’espérance, certains se souviennent peut-être de ce qu’en disait déjà Péguy à son époque : « une petite fille de rien du tout ». Bien négligée et pourtant plus essentielle que jamais dans notre monde fermé sur lui-même, où l’homme se console dans mille formes d’abrutissement et de jouissances égoïstes, parce qu’il ne se voit d’autre avenir que lui-même et son plaisir. Face à cette espérance rétrécie, que l’on peut à peine qualifier d’espérance, voici que la Résurrection de Jésus ouvre à tous un monde d’amour et de paix. Un monde que le Saint-Esprit enracine dans nos cœurs et dans nos vies.

Plus que jamais, frères et sœurs, attendons cet Esprit, prions-le, espérons-le. Écoutons saint Paul qui le relie à l’espérance dans la lettre aux Romains : « l’espérance ne déçoit point, parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous est donné ».

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