Vous trouverez ci-dessous copie d’un billet écrit tôt hier matin sur ma page FB, suite à un petit incident rencontré au cours d’une des messes célébrées avant-hier dimanche. Le contexte est celui d’une assemblée nombreuse, forte d’environ 400 personnes avec masques, rassemblées sous tente ouverte, mais dans un espace restreint : les communiants ne se déplacent pas, les concélébrants viennent à eux.
Le billet est en train de connaître une très large diffusion, près de 3000 personnes touchées au moment où j’écris.
Au risque de déclencher sur ma page un tsunami de réactions violentes, je voudrais évoquer une situation rencontrée avant-hier à l’occasion de deux messes dominicales que, bien que de passage, je présidais, en présence à chaque fois d’une assistance fort nombreuse.
Première messe. Au moment de la communion, quelques personnes attendent de moi que je leur donne la communion dans la bouche. N’étant pas informé des « usages » locaux, je m’en tiens à ce qui est demandé à ma connaissance par les autorités ecclésiastiques et sanitaires, et refuse d’accéder à leur demande.
Au sortir de la messe, quelques-unes des personnes concernées, mais non pas toutes, se précipitent sur moi, m’affirment que la communion est pour eux vitale, que je devrais être honteux de leur avoir refusé ce secours, m’assurent que l’évêque du lieu soutient leur demande, et me traitent bien sûr de tous les noms…
Deuxième messe. Après m’être informé, et bien que l’on m’ait assuré que l’évêque ne s’était en rien prononcé sur le sujet, j’accepte dans un souci de conciliation et de paix de donner la communion dans la bouche dans une chapelle annexe, après la fin de la messe. Ce qui me permet entre autres choses de respecter les normes sanitaires qui exigent un usage plus fréquent du gel.
Je ne souhaite pas du tout discuter du fond de la question, surtout qu’il s’agit clairement à mes yeux d’une question « sensible », inévitablement très délicate. Mais deux interrogations me viennent à l’esprit :
1. La dimension de vitalité invoquée par ces personnes qui demandaient à communier dans la bouche ne devrait-elle pas les conduire à dépasser la question bouche/main ? Je me dis que si je suis gravement malade, et que l’on me propose dans une situation d’urgence un médicament destiné à me soigner, voire à me guérir, je ne vais pas faire la fine bouche (désolé, mais c’est le cas de le dire) sur les modalités de présentation du médicament en question. Ou alors, je ne peux invoquer le caractère vital !
2. Au cours d’une messe, je suis invité par le maître du repas, le Christ Jésus au premier chef (il est à la fois « l’autel, le prêtre et la victime »), mais qui est représenté par le prêtre qui préside. La bienséance (je ne dis même pas la charité) ne commande-t-elle pas aux invités de s’en tenir aux règles ou usages que le maître du repas propose ? Est-il normal que l’invité veuille imposer les siennes, au prétexte qu’elles seraient « vitales » pour lui ?
Voilà, je ne souhaite pas du tout polémiquer sur le fond. D’ailleurs, je l’ai dit plus haut, après m’être informé, j’ai choisi une forme de conciliation lors de la deuxième messe. Mais cette conciliation continue de provoquer chez moi une certaine gêne, et de me poser question, au moins sur les deux points que je viens d’indiquer
P. S. 1. Un de mes frères évêques, auquel je donnais connaissance de cet incident, m’a répondu la chose suivante : « Une dame m’a dit qu’elle ne pouvait pas communier dans la main parce que c’est un sacrilège. Je lui ai demandé si ça ne la gênait pas de dire que toutes les autres personnes qui avaient communié à cette messe avaient commis un sacrilège, comme moi en la leur donnant ? Elle m’a dit qu’elle n’avait pas pensé aux autres, ce qui donne une image de sa conception de la communion ».
P. S. 2. A titre personnel, je me retrouve plutôt bien dans un article publié en Suisse.