Jean-Marc avec nous sur la route

Jean-Marc est un cousin germain, décédé l’été dernier après une vie marquée par les problèmes de santé, en particulier une paralysie des membres inférieurs qui l’avait cloué en fauteuil depuis une vingtaine d’années. Sans jamais se plaindre, battant résolu, il a marqué ceux qui l’ont connu, sa famille et ses amis certes, en particulier ceux de l’Association des Paralysés de France.
La prédication prend appui sur le récit des Pèlerins d’Emmaüs (Lc 24,13-35) que Jean-Marc avait choisi comme texte d’évangile.

Cher Jean-Marc,

Disciples d’Emmaüs par Le Caravage (Wikipedia)

Pourquoi avoir choisi l’évangile des disciples d’Emmaüs, sinon parce que tu te reconnaissais en eux ? Tu as cheminé, nous cheminons tous à côté de Jésus sans savoir le plus souvent le reconnaître : au point pour beaucoup de nier cette présence. S’il ne venait pas à notre rencontre, s’il ne cherchait pas à attirer notre attention, nous le croiserions dans l’indifférence. Lui n’évite personne, mais nous…

Tu l’as reconnu sur cette terre dans ta vie, par-delà, ou plutôt à travers les nombreuses souffrances traversées. Parce qu’il en a connu lui aussi, et peut-être la pire d’entre elles, celle d’aimer gratuitement sans être aimé en retour. Alors, comment ne serait-il pas présent auprès de ceux qui souffrent, dans leur corps comme dans leur cœur ? Mais il n’est pas présent que dans les souffrances et les peines, il l’est aussi dans les joies, dans les rencontres inattendues, dans la vie quotidienne. Il est là, il faut juste apprendre à le reconnaître, faire un bout de chemin avec lui en l’écoutant nous parler, en l’interrogeant, il faut fuir le bruit du monde, se poser avec lui pour un repas, pour une rencontre un peu plus longue, un peu plus approfondie que nos rencontres mondaines habituelles.

Cela, j’en suis sûr, tu l’as fait. Dans la prière, dans les sacrements. Et c’est ce qui t’a soutenu sur ta route. Enfin, pas seulement : les disciples d’Emmaüs étaient deux ! On a toujours besoin des autres pour avancer, pour mieux comprendre, pour s’étonner, pour faire face dans l’épreuve. Le Seigneur t’a donné des frères et sœur de sang, une épouse aimante et courageuse, des fils et leurs compagnes, des petits-enfants, des amis chers, des compagnons dans l’épreuve, en particulier avec les Paralysés de France : ils étaient là avec toi, ils ont été là pour toi, tu as été là pour eux, et leur reconnaissance est immense.

Aujourd’hui, Jean-Marc, tu ne fais pas mémoire de la première eucharistie, ou de celle qu’ont vécu les pèlerins d’Emmaüs et qui leur ont ouvert les yeux. Tes yeux ne se sont pas fermés comme on le dit trop souvent, au contraire, ils sont maintenant grand ouverts, tu célèbres la Pâque éternelle et c’est Jésus qui auprès de toi officie. Tu as disparu avec lui de devant nos yeux de chair, et c’est très douloureux pour ceux qui restent. Mais il ne s’agit que d’une disparition physique : comme Jésus, tu es présent d’une autre présence, celle dont je parlais tout à l’heure, et qui nous rejoint tous partout, où que nous soyons. Il faut du temps pour le reconnaître, ce qu’on appelle le temps du deuil, mais j’espère, je crois que nous pourrons tous dire un jour : « nos cœurs n’étaient-ils pas tout brûlant sur notre route où Jean-Marc était avec nous ? »

Parce que nous t’aurons retrouvé, autrement, mais pleinement. Dans une joie et une paix qui seront sans doute mêlées de tristesse et d’attente, mais que rien ne pourra plus jamais nous enlever.

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