Le point de vue présenté ici est celui d’un passant qui se tient informé, non d’un spécialiste en quoi que ce soit d’ordre politique. Le passant en question s’interroge sur les raisons de l’invasion de l’Ukraine en fonction de ce qui s’est dit ou écrit.

Dans un premier temps, il fut question de la présence de l’OTAN aux portes de la Russie, vécue comme une agression par cette dernière. Et certains journalistes, et non des moindres, ont relayé et débattu de cette accusation, avant qu’eux-mêmes et Poutine ne la mettent à l’arrière-plan sans la faire disparaître tout à fait. Il fut donc ensuite question de purifier l’Ukraine d’un nazisme revanchard, accusation persistante, néanmoins difficilement fondée et reléguée elle aussi à l’arrière-plan.
Depuis pas mal de temps maintenant, une autre accusation a vu le jour, ou plutôt une prétention: celle de défendre une civilisation orientale saine face à une civilisation occidentale dépravée (1). Et cela avec l’appui du clergé orthodoxe local, ce qui vient ajouter une note de pureté et de droiture à la prétention en question. Dès lors, l’invasion russe se présente côté fédération de Russie comme la défense du Bien contre le Mal.
Il est clair que, compte tenu de la soumission du clergé au pouvoir politique, de la corruption endémique dans la Fédération de Russie, de la violence de ses attaques contre l’Ukraine, des précédents de Syrie, de Géorgie ou de Tchétchénie, cette prétention paraît ridicule et franchement inacceptable, sinon en Russie, du moins en « Occident ». Mais la question que je me pose est de savoir si elle ne met pas en lumière une réalité que les « Occidentaux » ne veulent pas voir, une profonde décadence de « l’Occident » (2).
Lequel des lecteurs de ce billet ne s’interroge pas sur le sens de sa vie, sur l’évolution de la société et plus généralement sur l’avenir de cette civilisation dans laquelle il vit ? En se lamentant sur l’absence de ressort moral et spirituel. Combien de fois ai-je entendu la réflexion suivante : « si nous ne connaissons pas la fin du monde, nous vivons au moins la fin d’un monde » ? Je ne vais pas en énumérer les signes : la simple lecture de la Une d’un quotidien quel qu’il soit en propose quantité, certains peut-être insignifiants, mais d’autres très parlant. Aussi bien dans le domaine spirituel que dans les domaines éthiques, économiques, politiques sociaux ! Ce n’est pas seulement un phénomène français, mais universel : la mondialisation est aussi à l’œuvre dans cette perte de sens et dans ses diverses manifestations. Et la Russie de M. Poutine n’y échappe évidemment pas !
Je ne souscris donc pas à la thèse d’un choc de deux civilisations qui, pour moi, n’en font qu’une. Je ne suis ni devin, ni astrologue, ni prophète, et n’ai donc pas de vision sur l’avenir de notre civilisation, ni sur ce que va devenir plus généralement le monde des hommes. Je reconnais la justesse de cette phrase redondante tirée du prophète Isaïe : « je conduirai les aveugles sur une route ignorée » (42,16).
Je suis juste un simple croyant, convaincu que Dieu seul est le vrai maître de nos vies, où que nous soyons dans ce monde, et qu’il les guide mystérieusement. Comme il a accompagné et guidé celle de Jésus en acceptant que la vie de son Fils passe par la croix. Je ne crois donc pas que cela nous sera évité, et cela a même déjà commencé pour beaucoup de nos contemporains, sinon pour nous-mêmes.
A mes yeux, le « service du frère », la prière, la méditation des Ecritures saintes, et bien sûr la pratique des sacrements, sont le meilleur moyen d’accueillir la route que Dieu nous offre au cœur de cette civilisation en péril. Et je rends grâce à Dieu pour le chemin qu’il m’a été déjà donné de parcourir.
(1) Parler de civilisation occidentale ou d’Occident est bien sûr un raccourci commode, mais discutable : les situations sont diverses.
(2) C’est aussi la question que se pose récemment un excellent lecteur de la question russo/ukrainienne, André Markowicz, sur sa page Facebook. Lui qui ne cesse pourtant de dénoncer la politique de M. Poutine souligne que « l’Occident devrait aussi balayer devant sa porte » (c’est mon résumé).
Frère Hervé
L’histoire n’est-elle pas succession d’ordres et désordre, chaos et apaisement , désespérance et espérance ? Niveau individuel et collectif Une lutte apre, lucide ,responsable ,engagée. ,en mouvement
« Dans un chemin montant,sablonneux,malaisé, et de tous les côtés au soleil exposé, « Jean de la Fontaine
» Porter sa croix » sans dolorisme.
« Car le Fils de l’homme va venir » Les Écritures ……enseignements interminables
Lire ou relire Teilhard
Bonne fin de dimanche