Frères et sœurs, il est question des enfants dans notre évangile et la question que je me pose est de savoir pourquoi Jésus leur fait le meilleur accueil. Nous avons une image si idéalisée des enfants, surtout chez les clercs, que nous les voyons souvent comme des anges de confiance et de docilité.
C’est souvent vrai, heureusement, mais il se trouve que j’ai connu et connais encore beaucoup d’enfants, peut-être des exceptions, qui ne rentrent pas dans ce schéma-là. Les enfants en question sont capricieux, surtout quand ils veulent vraiment quelque chose : ils trépignent, hurlent, et n’ont de cesse d’obtenir ce qu’ils demandent. Ce qui finit très souvent par se produire, tant les parents sont rouges de confusion, surtout si la scène est publique et, pire encore, se passe dans une église.
Et je me demande si ce n’est pas sous ce rapport-là que Jésus les évoque aujourd’hui dans l’évangile en invitant ses disciples à agir comme ils le font : non pas tant « abandonnez-vous, soyez confiants comme eux », mais « soyez comme des enfants qui font tout pour obtenir ce qu’ils désirent ou leur semble souhaitable ». Jésus ne dit-il pas chez saint Matthieu que ce sont les violents qui s’emparent du Royaume de Dieu ? Dans cette perspective, la question qui nous est posée devient : « Que voulons-nous et le voulons-nous vraiment avec autant d’impatience que des enfants ? » Aujourd’hui, nous avons une cause privilégiée à défendre : que cesse cette monstrueuse guerre d’Ukraine, et que revienne la paix.
Cette lecture de l’évangile comme un appel à crier vers le Seigneur me semble d’ailleurs plus en harmonie avec la première lecture qui évoque les conditions du salut, à l’image d’Elie que la Bible ne nous présente pas comme un mou ou un tendre ! Pas plus, pour prendre l’autre exemple évoqué dans cette même lettre de Jacques, que je ne crois facile de ramener à la raison quelqu’un qui s’égare loin de la vérité.
Soyons donc des enfants qui crient et hurlent auprès du Seigneur, avec insistance. Car telle est bien la manière d’être entendu, même auprès de notre Dieu. Si nous ne le faisons pas, il faudra comprendre que nous n’avons aucune cause à défendre ou qu’elle n’a pas d’importance.
Textes : Jc 5, 13-20 ; Mc 10, 13-16.