Depuis le 8 juillet, et avant d’en repartir demain 24 pour Saint-Malo, je suis à Valognes, chez les Bénédictines. Abbaye Notre-Dame de Protection. Quatrième séjour, je crois, après une absence l’an dernier. Je retrouve une communauté d’un peu plus de quinze sœurs, accueillantes, vaillantes, mais plus vieillissantes encore que moi ! Et contraintes de s’appuyer sur quelques individualités, telle l’abbesse, très musicienne, ou encore une des deux sœurs hôtelières, qui est aussi la plus jeune de la communauté, et sur qui retombent nombre de charges : parce qu’elle est aussi chantre, organiste etc.
Peut-on envisager que se renouvelle cette communauté ? N’a-t-on pas vu un miracle de ce type chez les cisterciennes de Boulaur dans le Gers, avec l’entrée impromptue de cinq sœurs, suivies ensuite par plusieurs autres ? Oui, bien sûr, je leur souhaite et je sais que rien n’est impossible à Dieu, mais il est sûr qu’à vue humaine, le déclin semble irréversible. Et pas seulement ici à Valognes. Et l’on ne peut qu’être triste.
Symptomatiquement, l’hôtellerie de la communauté, autrefois remplie de manière continue pendant l’été, ne l’est plus qu’épisodiquement, pour tel groupe ou tel événement. Au moment où j’écris ces lignes, nous sommes entre 5 et 8 pour les repas. Il est vrai que les sœurs peuvent difficilement assumer un plus grand nombre de manière régulière, même avec de l’aide extérieure.
Faut-il incriminer les sœurs qui n’auraient pas su trouver les moyens de se renouveler ? Je n’en suis pas sûr du tout. Elles font de leur mieux, elles accueillent autant qu’il leur est possible, en particulier pour des sessions, elles ont renouvelé leur site Internet. Pour ma part, je constate plutôt que Valognes, riche d’un passé prestigieux qui l’a fait surnommer « la petite Versailles », et dont il reste bien des traces, est aujourd’hui une petite ville de 6800 habitants. Certes, les bénédictins ou bénédictines ne sont pas des « urbains », mais comment ne pas se demander où peuvent encore se trouver des vocations religieuses dans cette ville modeste et, au-delà, dans sa région ? Alors même que d’autres congrégations et communautés sont présentes, et que les mondes ruraux et urbains font face à un formidable déclin de la pratique religieuse !