Peut-on trouver des raisons d’espérer ?

La lecture régulière de l’actualité semble ne pas nous offrir de grandes raisons d’espérer. Et ce d’autant plus que cette actualité n’est plus tant locale que nationale ou internationale. Devant nos yeux effarés, et nos cœurs désolés, défilent des nouvelles toujours plus dramatiques. En voici quelques-unes, en vrac, issues de différents domaines et d’importance très inégale :

  1. Ce sont des guerres, dont le nombre et l’intensité ne cessent de croître : il n’est pas utile ici de donner des noms, chacun les connaît. Et le pape François vient de rappeler avec justesse que « nous sommes en train de détruire le monde par la guerre ».
  2. Et pas seulement par la guerre, mais aussi, de manière plus insidieuse, par des débats politiques mesquins dans la forme comme dans le fond. Je l’ai déjà évoqué ailleurs, la « disputatio » médiévale n’a plus cours. On peine à trouver dans nos débats d’aujourd’hui de grands enjeux autres que la promotion individuelle, la lutte pour défendre son pré carré… ou le buzz. Oui, je suis profondément affligé par les échanges et les piques minables venus de la scène politique française ou internationale. Faute pour une grande part de personnalités aguerris qui donnent le ton : non, je n’arrive pas à compter parmi elles Messieurs Bardella, Attal ou Armand qui n’ont encore jamais rien prouvé.
  3. Peut-on espérer du côté de l’église catholique ? Je le voudrais, mais les révélations nauséabondes sur telle ou telle personne conduisent à penser le contraire : je pense aux Jean Vanier, frères Philippe, abbé Pierre… Révélations d’autant plus graves qu’on pensait ces personnes exemplaires par leur charisme ou leur sacerdoce.
  4. Et nous n’en sommes qu’au début. Les listes s’allongent et dépassent largement le domaine ecclésial, dès lors qu’il n’est plus seulement question d’exemplarité : les mondes de l’art, du sport, de la famille, et tant d’autres, viennent ajouter leur « touche », s’il est possible d’employer ce mot.
  5. Ce sont aussi des exclusions au nom d’une pensée unique qui ne supporte plus le débat. Je pense ici à la mise à l’écart d’une possible ministre qui avait le tort immense de ne pas endosser la ligne sociétale annoncée comme majoritaire, et prétendument incontestable, concernant par exemple l’IVG ou la GPA.

J’arrête là une liste que l’on pourrait sans doute prolonger sur des pages et des pages, en pensant à l’hôpital, au grand âge etc. Péguy et sa petite fée espérance semblent donc bien loin. Mais peut-être beaucoup plus proches qu’on ne le croit. En effet, espérer ne consiste pas à fuir une réalité, aussi glauque soit-elle, mais au contraire à en creuser toujours plus profond le puits pour y trouver l’eau qui s’y trouve et qui désaltère. En la personne de Jésus, le crucifié, ressuscité.

Espérer au fond d'un puits

Comment ne pas faire référence ici à l’ouvrage d’un de mes frères dominicains, Adrien Candiard, célèbre dans le microcosme chrétien et au-delà : « Veilleur, où en est la nuit ? Petit traité de l’espérance chrétienne« . Voici comment l’éditeur, les Editions du Cerf, présente ce livre :

« Les chrétiens sont-ils le dernier espoir d’un monde qui a perdu toute espérance ? Oui, espérer est leur profession de foi depuis deux mille ans. Non, eux-mêmes sont désespérés en ce début de troisième millénaire. Et si espérer, c’était d’abord renoncer à tous les faux espoirs ? Refuser d’idéaliser le passé. Refuser de sublimer l’avenir. Dire non au fantasme de la restauration glorieuse et non à l’illusion de l’exaltation apocalyptique. L’espérance des chrétiens n’a qu’une chose à offrir : la vie éternelle. Une vie qui ne commence pas après la mort. Une vie qui débute maintenant. Une autre manière de vivre, de vivre sa mort, de mourir sa vie« .

En guise de complément, je vous propose d’écouter Adrien sur le thème de l’espérance. A l’occasion d’une conférence donnée au pèlerinage du Rosaire à Lourdes en 2015 : elle vaut qu’on s’y arrête.

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