Prédication du 19 mars, fête de Saint Joseph, sur 2 Samuel 7, 4-5a.12-14a.16 et Mt 1, 16.18-21.24a
Frères et sœurs, il est très peu question de Joseph dans nos évangiles. Dans celui de Matthieu, dont nous venons de lire un extrait, il n’est question de lui qu’en trois épisodes : dans notre passage où l’ange l’invite à épouser Marie, un peu plus loin lorsqu’il s’agit de conduire son épouse et l’enfant en Égypte, et enfin au chapitre 13, lorsque les gens s’interrogent sur Jésus et rappellent qu’il est le fils d’un charpentier.
Si l’on cherche à faire une moisson de tout cela, les informations ne sont pourtant pas insignifiantes : Joseph était un homme juste, de la tribu de David, fiancé à Marie, charpentier de métier. Tout ceci campe un personnage. Mais cette énumération oublie une chose essentielle : son obéissance à Dieu, évoquée de manière implicite. En effet, dans la fin de l’évangile que je viens de vous lire, Matthieu nous dit que Joseph « fit ce que l’Ange du Seigneur lui avait prescrit » ; et au moment de la fuite en Égypte, il fait à nouveau confiance à cet Ange et part de nuit dans le souci de protéger Jésus et sa mère. En outre, ce qui accentue cette dimension d’obéissance, au point qu’elle pourrait paraître mécanique, aucune parole de Joseph, pas même une petite question comme ce fut le cas pour Zacharie chez Luc, ne nous est rapportée dans les évangiles.
Non, Joseph ne nous est pas présenté comme quelqu’un qui tergiverse. Mais sa résolution peut paraître bien normale : l’apparition d’un ange est un facteur qui contribue à emporter la décision, et Joseph n’aurait agi qu’en bon père de famille. Mais ce serait oublier combien ces exigences de l’Ange le prennent au dépourvu, et entraînent de très grands changements dans sa vie sans qu’il y ait été nécessairement préparé : n’en doutons pas, son obéissance fut une obéissance coûteuse, même si Matthieu nous la présente comme allant de soi. Elle suppose tout à la fois écoute et docilité à la parole de Dieu plus que ne l’ont fait de grands prophètes, comme Jérémie ou Jonas, qui n’ont pas manifesté initialement de la même manière.
Cette écoute et cette docilité qui s’expriment dans une obéissance sans faille sont certainement ce qui fait de Joseph un juste, en le configurant par anticipation au Juste par excellence que fut Jésus lui-même, lui qui fut sans cesse à l’écoute de son Père pour accomplir sa parole. Frères et sœurs, écoute et docilité à la parole de Dieu sont aussi ce qui nous fera retrouver la vraie justice, celle qui nous rétablira dans la pleine condition de fils de Dieu et nous ouvrira les portes du Royaume de Dieu.
Certainement, son » obéissance » lui fut coûteuse, ..sans Marie Médiatrice !…
– Jusqu’où va l’adhésion quand l’amour nous porte »…