Des murs et des ponts, quelques mots sur les migrations

Alors qu’approchent les élections européennes, j’ai le sentiment que deux sujets vont continuer d’envahir l’actualité :

  1. La question des institutions elles-mêmes, que beaucoup assimilent aujourd’hui à un « machin », pour reprendre un mot célèbre du général de Gaulle.
  2. Les migrations. Alors que nous faisons mémoire aujourd’hui de saint Joseph, je voudrais m’arrêter sur le deuxième point : le lien sera clair plus bas pour ceux qui ne le verraient pas immédiatement.

Cette question des migrations a été abordée à plusieurs reprises par le pape François, et cela lui a valu nombre de critiques acerbes, au nom d’un laxisme et d’une naïveté supposés. J’en ai été fort étonné et continue de l’être : il n’est pas dans le rôle du pape de donner des solutions, mais d’interroger les chrétiens, ou d’autres, en leur rappelant les exigences de l’évangile, voire de la Bible tout entière.

Question migrations, il est sûr que la Bible en connaît un rayon. A commencer par celle d’Abraham, quittant impromptu Ur en Chaldée pour s’installer à Hébron ; en continuant par les fils de Jacob, contraints de trouver en Égypte le pain qui leur fait défaut, pour finalement s’y installer et prospérer ; en suivant avec saint Joseph, obligé lui aussi de partir en Égypte afin d’y trouver la paix et de protéger la vie de Jésus des exactions hérodiennes.

Les migrations sont une réalité de tous les temps qui, de mon point de vue, vont aller en s’amplifiant du fait de la mondialisation. Pour les mêmes raisons que celles que je viens d’évoquer dans la Bible : faute de pain ou de paix. Comment y faire face ? C’est à chacun de répondre en son âme et conscience, quel qu’il soit, où qu’il soit ; individuellement ou en groupe. Mais je comprends les rappels incessants du pape François aux chrétiens et, peut-être, au-delà d’eux, sur la nécessité de bâtir des ponts plutôt que des murs.

Ce fut en effet l’un des points clés de la vie de Jésus, dépasser les séparations qui mettaient à l’écart de la communauté les malades, les pécheurs, les publicains, les femmes de mauvaise vie etc. Jusqu’aux païens avec qui toute relation était a priori proscrite : voir sa rencontre avec le centurion en Mt 8,5-13, ou avec la Syro-Phénicienne en Mc 7,24-30. Ce fut l’une des raisons de l’indignation persistante des Pharisiens qui voulaient à l’époque, dit-on, bâtir un mur autour de la Torah.

La question migratoire est délicate, difficile, douloureuse souvent : c’est une gageure, et l’on ne gagnera rien dans les débats à venir à la simplifier.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.