La langue anglaise dispose du terme disgusting pour évoquer quelque chose de choquant. La traduction dégoûtant est sans doute trop faible, écœurant est sans doute plus proche, ou même traumatisant. Générateur d’une forme de traumatisme.
Je sais que je ne suis pas étasunien, mais français, voyant les choses de loin. Il reste que les images de ce qu’il faut bien appeler la « prise du Capitole » hier soir, par des émeutiers -il n’y a pas d’autres mots- m’a traumatisé, et je vais essayer de dire pourquoi au risque de voir ce billet supprimé.
Alors oui, en regardant ces images, et particulièrement celle d’un président, censé se situer au-dessus des partis et favoriser l’unité de la nation, mais se livrant derrière une vitre blindée à une harangue violente, devant une foule particulièrement excitée et dans laquelle se trouvaient bien sûr des gens décidés à en découdre, je voyais autre chose. Je revoyais en fait les images du discours de Charlie Chaplin, dans son fameux film « Le Dictateur« …
Et l’on sait ce qui s’est passé ensuite dans le film, dont les événements d’hier n’étaient pas précisément un remake, j’en conviens. Mais à voir ces foules galvanisés, prêtes à tout, à l’écoute d’un discours dont une immense majorité d’auditeurs (sans doute pas ceux qui étaient là) savent qu’il est infondé, me laisse un goût amer dans la bouche. Un début de traumatisme : jusqu’où cela risque-t-il d’aller ?
Surtout que je sais qu’en d’autres lieux, sur d’autres continents, on en retrouve de plus en plus de semblables, qui attisent la haine au lieu de favoriser l’indispensable fraternité. Cette fraternité à laquelle le pape François, dans son encyclique Tutti Fratelli nous appelle avec raison parce qu’elle est en fait le moteur de la vie.
Je ne voudrais pas, mais je crains qu’il n’en soit pas ainsi, que d’autres événements du même type ne nous fassent profondément douter d’une fraternité possible, et donc de sa mise en œuvre.
Alors, oui, cela génère chez moi une forme grandissante de traumatisme… Et pendant ce temps-là :