L’évangile au-delà des mots

« Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti… » (Mc 1,38).

Nombreux sans doute sont ceux qui, à l’écoute de la parole de Jésus, se demandent « l’utilité » d’une telle proclamation. Et peut-être tel ou tel de mes lecteurs serait-il du nombre. En quoi donc l’annonce de l’évangile dont se targue saint Paul dans la deuxième lecture (1 Co 9, 16-19.22-23), ou que met en œuvre Jésus à Capharnaüm, serait-elle une bonne nouvelle ? Certes, dans le passage qui nous est proposé aujourd’hui (Mc 1,29-39), Jésus guérit, mais ce n’est pas toujours le cas, loin de là. Qu’attendre donc de cette annonce de l’évangile pour nous aujourd’hui ?

Posée ainsi, la question est largement guidée par un souci d’efficacité mesurable, comme beaucoup de questions contemporaines aujourd’hui : on veut des résultats probants, visibles. Au risque de surprendre, voire de choquer, je dirais qu’annoncer l’évangile est de l’ordre de la nécessité et de la gratuité. En même temps, comme dirait l’autre. Et il ne s’agit pas toujours de mots, une simple présence peut-être aussi éloquente.

évangile
Annoncer l’évangile

Si l’annonce est explicite, alors bien sûr nous témoignerons, avec autant de prudence et de bienveillance que possible, que Jésus est aux côtés de celui qui peine. Mais cela reste vrai même si l’annonce n’est pas formulée dans des mots : parce que dans cette écoute, l’Esprit de Jésus est à l’œuvre d’une manière qui nous échappe, et c’est heureux.

Pas plus tard qu’hier après-midi, dans le cadre d’un « espace-rencontre », structure d’écoute que nous avons mise en place au couvent tel qu’il en existe déjà ailleurs à Montpellier, un jeune homme en errance est venu nous rencontrer. Je lui ai fait remarquer que nous ne pouvions ni le soutenir financièrement, ni l’héberger, ni…. Il m’a répondu qu’il ne demandait rien de tel, juste de pouvoir parler librement, d’être écouté : ce qu’il a fait avant de repartir sur la route…Jésus fut quand même présent explicitement dans notre conversation, mais il le fut aussi, j’en suis convaincu, dans la partie invisible de notre rencontre, par son Esprit. Ce qui a pu ou pourra en résulter, je n’en sais rien et cela n’est pas de mon ressort. D’ailleurs, à la question qui me fut posée à deux ou trois reprises hier, « pourquoi faîtes-vous cela, cet accueil ? », je n’ai pas évoqué un quelconque souci d’évangélisation : il s’agit juste de permettre à des gens de parler, parce qu’ils en ont besoin et qu’ils n’ont pas assez de lieux pour le faire. Quant à l’évangélisation, la prière à l’Esprit que nous avions faite en début d’accueil était suffisante pour qu’elle ait lieu, dans les mots ou au-delà des mots.

Continuons donc d’aller ailleurs, dans les villages voisins, et qui sont souvent beaucoup plus proches de nous que nous le pensons : pour être là auprès de ceux qui peinent, sans attendre tel ou tel résultat. Invoquons simplement l’Esprit-Saint au début de l’entreprise, c’est lui qui se chargera de tout. Y compris de nos paroles, du contenu de nos échanges.

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