Quand on pense Annonciation, on pense d’abord à celle qui touche la Vierge Marie, avec l’apparition d’un ange : elle se trouve chez saint Luc en 1,26-38. Elle est lumineuse, joyeuse, pleine d’espérance et Marie, par l’acceptation que marque son Fiat (« Qu’il me soit fait selon ta parole », v. 38), y joue un rôle essentiel et magnifique.
Cette annonciation-là conduit souvent à oublier celle qui s’attache à la personne de Zacharie (Lc 1,8-22) et qui laisse un petit goût amer. Pourtant, l’ange du Seigneur y est bien présent là aussi, pour une très bonne nouvelle : Elisabeth, la stérile, va engendrer dans sa vieillesse. Mais le rôle de Zacharie y est moins séduisant : il doute !
Enfin il existe une troisième « annonciation », carrément laissée dans l’ombre : elle n’a pas les caractéristiques des annonciations précédentes, il y manque l’ange du Seigneur, elle n’est pas a priori une bonne nouvelle. Je veux parler de la prophétie de Syméon au temple de Jérusalem (Lc 2,33-35), et qui est aussi à mes yeux une forme d’annonciation. Écoutons Syméon :
Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère : « Vois ! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction, — et toi-même, une épée te transpercera l’âme ! – afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs. »
On dira que cette prophétie porte un certain nombre d’éléments positifs, parce qu’elle est proposée comme une bénédiction et annonce un nécessaire discernement. Mais si j’essaie de mettre « dans la peau de Marie », cette toute jeune mère, je me dis qu’elle a dû recevoir… un gros coup sur la tête. Et je repense à toutes ces mamans, avec lesquelles je suis en contact plus ou moins suivi, et à qui l’on a annoncé brutalement un jour qu’elles portaient en leur sein un enfant handicapé, trisomie 21 ou autre : certaines l’ont accueilli, d’autres non…
Hélas ! L’annonciation n’est pas a priori toujours aussi heureuse qu’on le voudrait, ou.. que le texte de Lc 1,26-38 le manifeste. Pour ces mamans qui ont accueilli l’enfant, et me semble-t-il même pour celles qui l’ont refusé, s’ensuit un profond sentiment de culpabilité et un long travail de deuil de l’enfant rêvé. Qui n’épargne pas celles qui ont mis leur foi en Christ.
Qu’apporte cette foi ? Je ne suis pas sûr qu’il existe une règle générale. Peut-être un soutien pour autant qu’il soit accompagné doucement et patiemment par d’autres ; un modèle à travers la figure souffrante de la Vierge Marie. Et surtout une espérance qui s’appuie sur la résurrection du Christ et réconforte, mais qui peut mettre bien du temps à se manifester.
Oui, dans ces circonstances comme en beaucoup d’autres, Dieu est présent, mais comme il l’était auprès de Jésus, à travers la croix !