N’ayez pas peur, j’ai vaincu le monde

2e dimanche de Pâques : 1 Jn 5,1-6 ; Jn 20,19-31

Frères et sœurs, chers amis internautes, les textes que nous venons d’entendre m’invitent à vous poser trois questions.

La première : « Sur qui ou sur quoi Jésus a-t-il remporté la victoire ? ». Au lendemain de la Résurrection, vous allez probablement me répondre : « sur la mort », et vous aurez raison. Il se trouve que Saint Jean, dans la deuxième lecture, dit les choses un peu autrement : il parle d’une victoire « sur le monde ». Pour cet évangéliste en effet, le monde est le condensé des forces hostiles à la vie, dont la mort est bien sûr le dernier mot. Mais pas l’unique.

La peur dépassée
Le baiser au lépreux

Il me semble en effet qu’un autre mot a toujours caractérisé le monde, et plus encore dans les temps de pandémie, celui de peur. Cette peur qui isole, qui s’instille insidieusement et profondément au cœur de toutes nos relations, qui fait le lit de l’individualisme et de tous les régimes autoritaires parce qu’elle conduit à la méfiance, autrement dit… à l’absence de foi. C’est donc bien aussi la peur, dont Jésus a toujours voulu protéger ses disciples, qui touche Thomas et le tient à l’écart des apôtres et de Jésus jusqu’à ce qu’il ait vu.

C’est la même peur qui nous invite à donner en tous domaines, y compris dans les relations, plus de poids, et souvent trop de poids, au distanciel plutôt qu’au présentiel. Pourtant, toute la vie de Jésus et celle de ses disciples, et je ne pense pas seulement à la fameuse parabole du Bon Samaritain mais aussi au baiser au lépreux de saint François, préconise exactement l’inverse.

Ce qui me conduit à aborder la deuxième question : comment la victoire remportée par Jésus est-elle aussi notre victoire ? La réponse nous est donnée par saint Jean : « Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? ». C’est donc la foi, notre foi au Christ, qui est en jeu. C’est elle qui nous permet d’être vainqueur du monde et, entre autres, de cette peur qui le caractérise.

Alors surgit la troisième question : comment cette foi va-t-elle nous sauver du monde, en particulier de cette peur ? La foi n’est-elle pas invitation à la distance ? N’est-ce pas Jésus qui dit à Marie-Madeleine « Ne me touche pas ! », ou à Thomas « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » ? Il n’en est rien : au-delà des apparences, la foi au Ressuscité rapproche non seulement les hommes de Dieu, mais aussi les hommes entre eux. Lisez les Actes des Apôtres qui en sont le témoignage éclatant.

Peut-être le savez-vous, il existe toute une littérature théologique qui voit dans le prêtre « un autre Christ », dans la mesure où il consacre à l’autel le pain et le vin. Mais saint Jean nous laisse clairement entendre que cet autre Christ n’est pas seulement le prêtre, mais tout croyant : par sa foi, celui-ci est aussi vainqueur du monde. Ecoutons encore une fois saint Jean : « Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? »

Frères et sœurs, par cette foi au Fils de Dieu mort et ressuscité, nous accueillons la vie de Jésus en nous. Soyons plus précis : nous accueillons son Esprit même. Ce qui fait bien de chacun de nous un autre Christ. Saint Paul le dira avec force dans la lettre aux Romains : « L’Esprit de Jésus se joint à notre esprit ». Et plus ou mieux encore dans la lettre aux Galates : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ». Oui, elle est bien là la bonne nouvelle : par la foi, nous sommes chacun et tous ensemble un autre et même Christ, vainqueur du monde et de la peur !

L’homélie en vidéo sur le site du couvent

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