Frères et sœurs, vous l’avez entendu comme moi : « Dieu n’a pas fait la mort ». Le signe nous en est rappelé à deux reprises dans l’évangile de ce jour avec la guérison de la femme atteinte de flux de sang, et celle de la fille du chef de synagogue : c’est la vie qui jaillit de la personne de Jésus. Et pourtant, que voyons-nous autour de nous ? Que la mort est présente partout dans le monde. Et qu’entendons-nous dire très souvent ? « Qu’ai-je fait au bon Dieu pour qu’il m’arrive telle ou telle tuile ? », autrement dit telle forme de mort. Mais alors, si Dieu n’a pas fait la mort, qui l’a faite ? Pour le comprendre, il faut savoir de quelle mort nous parlons.
Oui, la mort physique est partout présente dans le monde, et des moyens sophistiqués la rendent plus dévastatrice que jamais. Cette mort-là, Dieu ne l’a pas voulue, elle est la conséquence de l’égarement de l’homme faisant un mauvais usage de la liberté que Dieu a voulu lui donner, autrement dit elle est la conséquence du péché. C’est ce récit que l’on trouve dans la Genèse. Adam et trop souvent nous-mêmes à sa suite, nous avons fait le choix de nous tenir à distance des volontés de Dieu et de son amour : le Paradis a échappé à Adam et Eve, l’incorruptibilité originelle aussi, et la mort physique s’est installée.
Mais Dieu n’a pas voulu non plus une autre mort que l’on appelle « la mort spirituelle » : elle est en lien avec la première, comme sa conséquence. Car la liberté dont j’ai parlé doit pouvoir s’exercer jusqu’au bout, entendons jusqu’au-delà de la mort physique. La plupart de nos contemporains, nous-mêmes peut-être, n’en ont cure, mais en vérité, la mort essentielle n’est pas la mort physique, qui n’est qu’une étape et un passage, mais la mort spirituelle, éternelle, celle qui guette l’homme au-delà de sa mort physique. Cette mort-là, Dieu ne l’a pas plus voulue que la mort physique, il ne l’a pas faite parce qu’il est totalement vie. Mais elle est là !
Peut-on échapper à cette mort ? La solution, si je peux employer ce terme, serait « de mourir en état de grâce » en pleine communion avec Jésus : ce qui, il faut l’admettre, n’est pas donné à tous les hommes. Mais de même que Jésus a redonné la vie physique, sans qu’ils aient manifesté une foi plénière, à ceux qui le touchaient ou qu’il touchait, à l’hémorroïsse comme à la fille de Jaïre, à Lazare comme au fil de la veuve de Naïm, de même donne-t-il la vie éternelle à tous ceux « sont en Jésus », comme le dirait saint Paul, ceux qui se tournent vers lui, en appellent à sa miséricorde, de manière explicite ou implicite : pensez au brigand crucifié aux côtés de Jésus.
Non, Dieu n’a pas fait la mort, bien au contraire : en Jésus, il nous a donné l’amour, la lumière, la vie éternelle.