Saint Dominique, héraut de la parole de Dieu

Frères et sœurs, on dit souvent que l’Esprit-Saint offre à son église le pape dont elle a besoin à un moment donné : il me semble que cette affirmation vaut aussi pour les saints. Rien de plus logique tant ces hommes et ces femmes sont de leur temps, plongés dans les vicissitudes du monde, et désireux de les corriger. Ce fut donc aussi le cas de notre père saint Dominique que nous fêtons aujourd’hui.

La question que l’on peut se poser est de savoir à quelle vicissitude particulière, au singulier mais peut-être aussi au pluriel, son action voulait répondre. A-t-il voulu apporter la paix dans un monde de guerres et de croisades, un soutien aux pauvres en vendant par exemple ses chers livres pour soulager la misère, ou encore un peu de vérité à une époque où les hérésies fleurissaient ? Difficile de faire un tri tant tout cela semble conforme à ce que l’on sait de lui, mais je voudrais privilégier l’annonce de la parole de Dieu, autrement dit le moyen plus que la fin. Dominique a voulu accueillir, méditer, annoncer la parole de Dieu.

Vous l’avez entendu dans la première lecture : « qu’ils sont beaux les pieds du messager de bonne nouvelle, qui annonce le salut ». Ils ne sont pas beaux en soi, mais parce qu’ils appartiennent à un porteur de salut. N’est-il pas vrai qu’une bonne nouvelle dans un océan de mauvaises redonne du tonus ? N’est-ce pas encore plus vrai de la parole de Dieu, justement parce qu’elle est de Dieu, ferme, assurée, et qu’elle nous tourne vers la vie ?

Mais ne nous leurrons pas : la parole de Dieu véhicule aussi souvent des menaces, des jugements, des condamnations. La deuxième lettre à Timothée le rappelle : « proclame la parole, insiste à temps et à contretemps, réfute, menace, exhorte, avec une patience inlassable et le souci d’instruire. Car un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine ».

Notre père saint Dominique, comme tous les prophètes et apôtres, a connu et proclamé les deux versants de cette parole de Dieu, son versant « soft » de libération, et son versant « hard », de menaces et condamnations. C’est souvent ce dernier versant que l’on retient : n’est-il pas symptomatique que l’on dise de Jérémie qu’il fut un prophète de malheur, alors qu’il s’efforçait aussi de transmettre une espérance ?

En mettant l’accent sur la parole de Dieu, en revendiquant pour l’Ordre des Prêcheurs l’étude et la confrontation dans des disputes théologiques, saint Dominique a voulu faire naître, multiplier et grandir des porteurs de vérité et, par-là, d’espérance. Nous sommes ses héritiers dans un 21e siècle qui ressemble par bien des côtés au 13e : temps de violences, d’incertitudes, de mensonges, de contradictions, de pauvreté spirituelle.

Il nous faut reprendre très humblement la mission que Jésus a confiée à ses disciples à la fin de l’évangile de Matthieu : annoncer dans la foi la parole de Dieu, parole de vérité, et donc de paix et de salut. Peut-être avons-nous peur de ne pas être entendus, d’être à contre-temps comme Timothée : qu’importe, ne sommes-nous pas assurés que Jésus « sera avec nous pour toujours jusqu’à la fin du monde » ?

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