Le blanc au cœur de cinquante nuances de gris

Frères et sœurs, à quelques semaines d’intervalle, les lectures dominicales nous font passer du noir au blanc, des ténèbres à la lumière. Dans les derniers temps de l’année liturgique, ces lectures étaient très noires, pleines de bruits, de fureur et de destructions, et celles que nous venons d’entendre aujourd’hui, sont franchement blanches et lumineuses, pleines d’espoir et de joie. Rien d’étonnant me direz-vous peut-être, et c’est vrai : c’est toute la distance entre un monde qui meurt et un autre qui est en train de naître !

Le blanc de la Nativité

Mais passer du noir au blanc aussi vite n’en pose pas moins une question : quelle couleur va donc prédominer dans les temps à venir ? Le blanc lumineux de la venue de Jésus dans notre monde va-t-il pouvoir se maintenir ? Le noir va-t-il vraiment disparaître ? J’ai plutôt l’impression que nous allons retrouver, comme c’est le cas habituellement dans nos vies, cinquante nuances de gris. Comment donc y assurer la prédominance du blanc ?

Ce blanc est déposé dans le monde par la naissance d’un Sauveur, une pure grâce dont nous héritons sans y être pour rien. Mais d’un autre côté, son maintien va dépendre aussi de nous, de la manière dont nous allons accueillir et vivre le don reçu. Voilà pourquoi saint Paul ne nous dit pas que tout est accompli, mais que ce qui a commencé doit continuer ; de son côté, Jean-Baptiste nous invite à la conversion, non pas un coup de baguette magique, mais une œuvre de longue durée. Le blanc est donné, mais il est à faire vivre !

Le maître-mot qui doit nous guider à cet effet vient de nous être donné par saint Paul : discernement. L’original grec de ce mot implique l’idée de jugement, un terme qui a souvent aujourd’hui mauvaise presse : « il ne faut pas juger, tout est relatif », nous dit-on souvent. Il n’en est rien : ce dont il faut s’abstenir, c’est de juger, compris comme condamner. En revanche, le jugement est requis et il nous sera absolument nécessaire tout au long de cette année, comme de celles à venir. Au cœur des nuances de gris dont je vous parlais, nous aurons sans cesse à trouver la part de blanc, autrement dit de lumière, d’amour, de vérité, d’innocence : la reconnaître pour l’accueillir et la faire grandir.

Ce n’est pas là tâche impossible dans la mesure où le Seigneur ne vient pas sur notre terre juste en passant, pour faire trois petits tours avant de repartir : il est avec nous, nous a-t-il promis jusqu’à la fin des temps. Il est toujours présent par son Esprit dans nos cœurs et dans notre monde. Aussi, le noir ne peut plus être la dernière couleur de ce que nous aurons à vivre : le blanc de la lumière divine, inauguré par la venue modeste d’un petit enfant né dans une crèche, brillera toujours. Peut-être caché, mais présent. Car Jésus ne passe pas dans notre monde, il vient l’habiter.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.