La cravate a bon dos !
Il y a quelques jours, le député Eric Ciotti a invité la présidente de l’Assemblée nationale à demander aux députés de porter une cravate. Voici son texte :
« Je demande à la Présidente de l’Assemblée nationale, l’obligation du port de la cravate au sein de l’hémicycle du Palais Bourbon pour empêcher que certains députés notamment de la France Insoumise se permettent de porter des tenues de plus en plus relâchées.«

La demande, telle qu’elle est formulée, est maladroite, d’autant plus qu’elle semble mettre les femmes de côté : la photo que je republie montre comment les femmes de La France Insoumise y ont vu d’emblée une forme de soumission ! Mais il me semble qu’au-delà de la cravate, Eric Ciotti met en cause « la tenue », et la question devient alors plus large et plus intéressante.
De fait, il est de bon ton aujourd’hui de « porter le négligé », au point d’en faire un article de mode. Dans le champ de la vie privée, je n’y vois aucun inconvénient, chacun est libre. Dans le champ de la vie publique, je vois les choses un peu autrement, au gré des lieux et des circonstances. Pour prendre quelques exemples un peu forcés, imagine-t-on le président de la République célébrer le 14 juillet en jogging ? Ou ceux qui vont à la rencontre du Papa, sans parler du Pape lui-même, se vêtir d’un tee-shirt et d’un short ?
A l’évidence, non ! Parce que la tenue contribue à manifester la singularité et la qualité de la célébration ou de la rencontre. Et elle lui donne, le cas échéant, un caractère festif que le négligé n’offrira pas. Il y a quelques dizaines d’années, on n’aurait pas assisté à l’anniversaire d’un ou d’une amie sans s’être posé la question de sa tenue vestimentaire ; ce qui se vérifie encore pour un mariage, ce qui me semble heureux. Et les fidèles n’auraient pas eu l’idée de se rendre à la messe sans « s’être endimanchés » ; tant du moins qu’il s’agit d’honorer l’hôte qui accueille, en l’occurrence Dieu beaucoup plus que le célébrant, et non de rivaliser en coquetterie. On l’a aujourd’hui presque totalement oublié, sauf peut-être dans les milieux dits « tradis », mais je ne suis pas sûr que l’on y ait gagné.
Pour en revenir et en terminer avec les députés de l’Assemblée nationale, qui ont un rôle de représentation, la demande d’Eric Ciotti qui, je le précise, ne fait pas partie de mes hommes d’Etat favoris, ne me semble donc pas totalement incongrue. Au-delà de l’exemple maladroit de la cravate qui a vraiment « bon dos » !